Alexandre Soljenitsyne - Une journée d'Ivan Denissovitch




Alexandre Soljenitsyne - Une journée d'Ivan Denissovitch

Le titre résume bien le contenu du livre de 200 pages mais c'est sans compter sur l'extrême dureté du récit. Publié en 1962 et directement soumis à la censure soviétique, il raconte les conditions de vie d'un goulag entre 1945 et 1953 où l'auteur fut emprisonné pour avoir critiqué Staline.
On y découvre à quel point le système est corrompu à tous niveaux et que pour espérer survivre il faut feinter à chaque moment. Les humiliations sont constantes, le rythme de travail forcé soutenu bien qu'il fasse des températures polaires. L'obsession des détenus se résumé à manger et tenter de ne pas geler sur place. Malgré l'adversité, le principal protagoniste garde un moral d'acier dans un fatalisme typiquement russe. 


 

Thomas Gunzig - La vie sauvage




Thomas Gunzig - La vie sauvage

Première découverte de Thomas Gunzig pour moi au hasard encore du rayonnage auteurs belges.
C'est l'histoire d'un bébé blanc miraculeusement rescapé d'un crash aérien en Afrique qui est retrouvé vers l'âge de 16 ans et est ramené chez son oncle pour y être intégré de force dans la vie occidentale. Teinté de références poétiques, il s'agit d'une roman acerbe sur la société actuelle.
Malgré les critiques parfois peu élogieuses que j'ai pu lire, je trouve que le ton sans doute volontairement adolescent colle bien avec le personnage de Charles. On pourrait y voir une critique facile et grossière du système scolaire et de la vie type familiale, mais pour moi cela reste plausible d'un point de vue d'un garçon de 17 ans. Alors oui il y a sans doute quelques invraisemblances, mais n'est-on pas dans un roman ? 
Soit, perso j'ai passé un bon moment de lecture!


 

Lord Byron - Le corsaire et autres poèmes orientaux




Lord Byron - Le corsaire et autres poèmes orientaux

Première approche de pilier de la poésie anglaise romantique du début du XIVème siècle. J'ai été attiré une fois encore par de nombreuses allusions à lui dans diverses lectures et il fallait bien un jour franchir le cap.
Personnalité tourmentée qui a inspiré une incroyable diversité de disciplines (musique, peinture, littérature, cinéma...), il a lui même eu une vie romanesque.
 Au hasard de ce qu'il y avait de disponible à la bibliothèque, je me suis laissé tenter par ce recueil qui commence par le court "Oraison vénitienne".
Puis sans suite logique chronologique, "Le Giaour" (1813) nous raconte sur un ton très épique une histoire d'amour au centre du conflit gréco-ottoman sur un fond de guerre idéologique. Bien sur la version française ne peut pas rendre l'effet escompté, mais le traducteur s'est efforcé en prose de rendre le récit compréhensible sans se compromettre dans les règles strictes de la poésie. Comme souvent dans la poésie traduite on a droit au texte en langue originale sur la page de gauche.
"Mazeppa" (1819) nous plonge encore dans une épopée à cheval sur un rythme effréné où l'action se mêle subtilement à des élans plus naturalistes et se termine même sur une note d'humour.
Pour finir la deuxième moitié du livre, le conte "Le Corsaire" et ses trois chants. On est embarqué dans une véritable épopée pirate avec toujours cette impression de rythme incroyable. La narration est magistralement construite avec des dialogues, introspections, on ne peut plus s'empêcher de tourner les pages pour connaître l'issue du récit ! On est dans une histoire d'amour et de guerre parfois aux racines fragiles, un peu à l'image de la vie de l'auteur qui d'ailleurs ne cache pas le côté vaguement autobiographique de ses productions. C'est sur j'en lirai d'autres!


 

Henri Michaux - Façons d'endormi, façons d'éveillé




Henri Michaux - Façons d'endormi, façons d'éveillé

Cela faisait trop longtemps que j'entendais parler de cet artiste belge aux multiples facettes. Je me suis donc lancé au hasard du rayonnage de la bibliothèque. Il faut dire que je n'ai pas été conquis du tout pour cette premières approche. Découpés en plusieurs parties, le livre parle des propres rêves et l'auteur, entrecoupés de réflexions et de liens avec sa vie, son quotidien.  Cela peut paraître clair pour lui et son propre ressentis mais personnellement je n'ai pas trop compris où il voulait en venir. Bien conscient qu'un rêve par définition n'est pas logique ou cohérent, l'écrivain tente en vain d'expliquer pourquoi son esprit  a bien pu arriver à de tels songes, entremêlant le réel et l'onirique. Apres avoir parlé de différentes interprétations possibles des rêves, ça se termine sur une méditation sur la rêverie.
J'ai passé plusieurs pages (de plus en plus) pour arriver heureusement vite au bout des ces 150 petites pages.
Promis !  Je vais réessayer avec d'autres de ses nombreuses parutions. 


 

Claude Lévi-Strauss - Tristes Tropiques




Claude Lévi-Strauss - Tristes Tropiques

Pas facile de s'attaquer la critique d' une œuvre aussi conséquente qui aborde autant d'idées différentes.
On démarre sur des réflexions sur le concept du voyage (encore lui!) et de cette idée qu'on peut avoir de civilisations dites "sauvages". On rêve à s'enfoncer dans la brousse et y découvrir des tribus encore vierges de toute souillure occidentale. Mais ce désir est voué à l'échec, depuis le premier pied du blanc dans le Nouveau Monde, quelque chose s'est définitivement brisé. Le travail de l'ethnologue est de voir la civilisation avec une œil extérieur, un peu comme des martiens qui débarqueraient sur la planète Terre et en dresseraient un portrait objectif. Gare à notre éducation qui biaiserait tout!
Sans véritable fil conducteur on passe sans transition de France aux Antilles puis au Brésil avec quelques arrêts en Asie et en Afrique dans une réflexion globale sur l'anthropologie.
La grosse partie centrale du livre est consacrée à l'étude des indigènes du Brésil (Caduveos, Bororos, Nambikwara enfin Tupi-Kawahib). On apprécie les quelques digressions notamment sur l'Ecriture qui d'après l'auteur serait plus une forme d'asservissement des peuples qu'un véritable progrès.
Après le développement d'une petite pièce de théâtre imaginée par l'auteur qui montre à quel point le cerveau humain peut délirer à cause de trop longs moments passés hors de chez lui on termine par des comparaisons entre les différentes religions. L'islam aurait d'après lui cassé un rapprochement idéologique entre le Christianisme et le Bouddhisme...
Je pourrais encore en parler longtemps mais je vais m'arrêter là et ne peut que conseiller cette œuvre chimérique sociologico-philisophico-poético-musico-littéraire.



 

Marcel Leroy - Les chatons gelés

 




Marcel Leroy - Les chatons gelés

Lors de ma visite guidée des Ardoisières de Bertrix il y'a deux mois,  l'ancien ardoisier qui menait la visite avait cité cet ouvrage qui décrivait bien les conditions de travail de ce labeur pénible. Le titre ne fait pas référence aux quadrupèdes sournois mais bien aux inflorescences de certains arbres.
Ce livre achevé fin des années 60, fort bien écrit, très touchant, d'une sensibilité prolétarienne raconte la triste vie de l'auteur depuis sa naissance. Son enfance dans les années 1910 dure, pleine de revers et de frustration évolue vers le travail rigoureux de tailleur de schiste que le destin lui réserve. Lui ayant volé sa jeunesse et jeté en pâture au monde adulte, ces obligations alimentaires n'entravent pas l'amour qu'il porte à sa famille et un petit soleil brille quand même quelque part au fond de son cœur. "Pas ce faux soleil, pauvre, pâle et sans chaleur de l'alcool", mais celui de l'espoir.
Dès son plus jeune âge, il est doté d'une âme de poète qui sera exacerbée par son environnement rural  et son rêve est que son nom apparaisse un jour dans les manuels scolaires.
Au final on y parle pas tant que ça du métier d'ardoisier, mais c'est plus une tranche de la vie ardennaise de l'entre deux guerres.

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