Henri Mora -
Désastres touristiques
Essai paru en 2022 sur le tourisme au sens
large. On est plutôt ici dans un assaut contre le capitalisme qui a créé le
tourisme de masse (1ère industrie mondiale) pour dégager un profit conséquent
dont l'évolution a de quoi faire baver les plus fervents libéraux.
Pilier de l'économie de marché et renforcé par les politiques qui font tout
pour son développement, les réseaux sociaux, le tourisme a sans doute encore de
beaux jours devant lui. Les consciences écologiques se réveillent de plus en
plus et le gouvernement entend bien essayer de satisfaire le peuple en faisant
mine de prendre des mesures pour la réduction de la pollution. De l'autre côté
il vole à la rescousse pour injecter des milliards d'euros dans les pauvres
compagnies aériennes qui ont été bouleversées dans leur soif de croissance par
la crise du Covid par exemple. On tente de compenser ce gâchis avec des plans
fumeux de sauvegarde de la biodiversité, mais il ne faut pas être dupe: on veut
à tout prix sauver la poule aux œufs d'or du Tourisme.
Tant que tout sera monnayable, on ne pourra plus jamais atteindre un degré
d'authenticité et le tourisme dit alternatif est quand même du tourisme. Outre
la pollution directe et indirecte de telles masses grandissantes de voyageurs,
on saccage les espaces naturels et culturels locaux pour mieux les accueillir
aux quatre coins du monde.
N'en déplaise aux partisans du développement durable, la croissance infinie est
un leurre, on aura beau tenter de consommer vert, ces biens contribueront quand
même à la prolifération de l'économie de marché.
A quoi bon tenter de chiffrer les gaz à effet de serre engendrés par les voyages,
alors qu'on cherche à tout prix à préserver l'emploi, le pouvoir d'achat et à
pérenniser un système basé sur le développement, le loisir, la consommation ?
Symbole d'évasion d'un quotidien rythmé par le travail, on s'aménage des
espaces temps de "vacances" qui sont censés nous faire un peu oublier
le labeur qui nous permet d'économiser pour ces-dites vacances et de garantir
la paix sociale.
On travaille pour produire des biens de consommation pour lesquels ils faut
travailler pour se les offrir. Le parfait concept du serpent qui se mord la
queue jusqu'à sa disparition inévitable.
A l'origine les voyages n'étaient destinés qu'aux fortunés (ou aux pèlerins)
mais peu à peu grâce notamment aux compagnies low cost, désormais n'importe
quelle bourse peut s'offrir un voyage. Et cela ne risque pas de s'arrêter vu
l'ouverture de la manne touristique aux pays dits en développement.
Le livre se termine sur trois textes de Miguel Amoros sur la même thématique en
Catalogne et aux Baléares.