Didier Daeninckx - Métropolice




Didier Daeninckx  - Métropolice

Très bon polar de Didier Daeninckx paru en 1985 où l'on croit partir sur une histoire au début mais la suite nous prouve le contraire. Il arrive à faire monter la tension et le suspense jusqu'au terme du récit. On est plongé dans l'univers du métro parisien où un "pousseur" sévit ce qui amène la population dans une psychose. Une fois encore le roman n'est pas dénué d'une certaine critique sociale. La commissaire est victime du sexisme ambiant de la police des rails et on y découvre un couple de cowboys policiers presque caricaturaux. 


 

Joël Vernet - Marcher est ma plus belle façon de vivre




Joël Vernet - Marcher est ma plus belle façon de vivre

Il y a des moments où l'on chamboule sa liste de lecture et on va piocher dans les dernières recrues.
C'est le cas pour Joël Vernet que j'ai découvert très récemment grâce à des Livres Rances et que j'ai voulu me faire une idée. Au hasard du rayonnage en bibliothèque j'ai jeté mon dévolu sur l'un de ses nombreux ouvrages. Il a une cadence d'environ un à cinq livre par an depuis 1985 !
Celui ci paru en 2008 est composé de notes éparses où il n y a pas vraiment de fil conducteur et l'on se laisse porter par la légèreté. Le début " Lettre au voyageur immobile" est un mélange de flashbacks et de moments présents en pleine nature. Puis "L'homme désaffecté" et "La Lumière n'est à personne" sont une succession d'aphorismes dont certains m'ont fait penser à Cioran le coté branlette intellectuelle (parfois) en moins. Avec une douceur exempte de bondieuseries, on se laisse emporter par cette poésie en prose au fil des pages à tel point que je l'ai quasi lu d'une traite.
On finit par divers volets de " La lumière dans les arbres" qui est une sorte de balade entremêlée de souvenirs parfois douloureux et de mélancolie. On atteint une sorte de point culminant sur la fin. Très belle découverte ! 


 

Henri Mora - Désastres touristiques




Henri Mora - Désastres touristiques

Essai paru en 2022 sur le tourisme au sens large. On est plutôt ici dans un assaut contre le capitalisme qui a créé le tourisme de masse (1ère industrie mondiale) pour dégager un profit conséquent dont l'évolution a de quoi faire baver les plus fervents libéraux.
Pilier de l'économie de marché et renforcé par les politiques qui font tout pour son développement, les réseaux sociaux, le tourisme a sans doute encore de beaux jours devant lui. Les consciences écologiques se réveillent de plus en plus et le gouvernement entend bien essayer de satisfaire le peuple en faisant mine de prendre des mesures pour la réduction de la pollution. De l'autre côté il vole à la rescousse pour injecter des milliards d'euros dans les pauvres compagnies aériennes qui ont été bouleversées dans leur soif de croissance par la crise du Covid par exemple. On tente de compenser ce gâchis avec des plans fumeux de sauvegarde de la biodiversité, mais il ne faut pas être dupe: on veut à tout prix sauver la poule aux œufs d'or du Tourisme.
Tant que tout sera monnayable, on ne pourra plus jamais atteindre un degré d'authenticité et le tourisme dit alternatif est quand même du tourisme. Outre la pollution directe et indirecte de telles masses grandissantes de voyageurs, on saccage les espaces naturels et culturels locaux pour mieux les accueillir aux quatre coins du monde.

N'en déplaise aux partisans du développement durable, la croissance infinie est un leurre, on aura beau tenter de consommer vert, ces biens contribueront quand même à la prolifération de l'économie de marché.
A quoi bon tenter de chiffrer les gaz à effet de serre engendrés par les voyages, alors qu'on cherche à tout prix à préserver l'emploi, le pouvoir d'achat et à pérenniser un système basé sur le développement, le loisir, la consommation ?
Symbole d'évasion d'un quotidien rythmé par le travail, on s'aménage des espaces temps de "vacances" qui sont censés nous faire un peu oublier le labeur qui nous permet d'économiser pour ces-dites vacances et de garantir la paix sociale.
On travaille pour produire des biens de consommation pour lesquels ils faut travailler pour se les offrir. Le parfait concept du serpent qui se mord la queue jusqu'à sa disparition inévitable.
A l'origine les voyages n'étaient destinés qu'aux fortunés (ou aux pèlerins) mais peu à peu grâce notamment aux compagnies low cost, désormais n'importe quelle bourse peut s'offrir un voyage. Et cela ne risque pas de s'arrêter vu l'ouverture de la manne touristique aux pays dits en développement.
Le livre se termine sur trois textes de Miguel Amoros sur la même thématique en Catalogne et aux Baléares.



 

Angelo Tijssens - Au bord




Angelo Tijssens - Au bord

Pris au hasard du rayon auteur belge, c'est le premier roman de cet auteur flamand. Il est plus habitué à écrire des scénarios de courts métrage, de films ou de théâtre avec la compagnie " Ontroerend Goed"
C'est court mais je trouve qu'on a le temps de se prendre à l'ambiance mélancolique et triste qu'il dégage. Les phrases courtes et les nombreux flashback donnent un rythme parfois un peu décousu, mais c'est pour mieux rendre compte de l'état d'esprit du personnage qui revient dans la ville de son enfance malheureuse. Un vie qui cherche l'amour, gâchée par de nombreux traumatismes y est décrite et l'on se dit qu'il n'arrivera pas vraiment à s'élever en dehors de ses ornières.


 

Bruno Léandri - Les ratés de l'aventure




Bruno Léandri - Les ratés de l'aventure

Séduit précédemment par le premier tome 1 de "J'aime pas les voyages", pour digérer quelque peu le Gang de la clé à molette du grand Edward Abbey, j'ai voulu un peu de légèreté. Dans ce recueil d'histoires variées et loufoques sorti en 2019, Léandri manie une fois de plus le verbe drôle avec brio.
Avec son style savoureux il nous conte ces graines de héros avortées qui auraient pu composer les grandes lignes de l'histoire. Que ce soit dans le domaine de l'exploration, de l'aéronautique, de la conquête des pôles, de la montagne, nombreux sont ceux qui ont tenté la gloire mais n'ont récolté que des déceptions voire la mort. Petit traité d'histoire de la loose vulgarisé et bien que tragique assez amusant! 


 

Edward Abbey - Le gang de la clé à molette

 




Edward Abbey - Le gang de la clé à molette

C'est donc le quatrième d'Edward Abbey pour moi après "Désert Solitaire", " Un fou ordinaire", " Le feu sur la montage". Il s'agit ici sans doute de son roman le plus connu et pour cause on referme ce livre secoué par toute la force qui s'en dégage.
Paru en 1975, il constitue une inspiration du mouvement écologiste Earth First. On y fait la connaissance de quatre protagonistes que l'amour de la nature sauvage va pousser à commettre des actes de sabotages "parce qu'il faut bien que quelqu'un le fasse" pour tenter d'enrayer le développement destructeur et tentaculaire de l'humain sur la planète.
La sagesse est incarnée par Doc Sarvis, la jeunesse hésitante par Bonnie Abbzug, la fougueuse tête brulée par Georges Hayduke et enfin l'efficacité posée par Seldom Seen Smith. Il est facile de s'attacher à ces différentes personnalités qui vont se compléter dans cette fabuleuse saga riche en rebondissements, en courses poursuites et qui pousse toujours un peu plus loin les limites de la prudence. Il y a une progression dans cette histoire qui pousse la tension à son comble tout en finesse à travers les paysages somptueux de l'Ouest américain. Puissant tacle contre le libéralisme, le tourisme de masse et le confort des aménagements des plus beaux coins de la Terre. Une fois encore les beautés de la nature doivent se mériter. Un chef d'œuvre dans son genre qu'il vaut mieux aborder sans hésiter !