Bruno Léandri - J'aime pas les voyages (Aventures d'un anti-aventurier)




Bruno Léandri - J'aime pas les voyages (Aventures d'un anti-aventurier)

Au hasard d'un présentoir de cette nouvelle bibliothèque B3, je suis tombé sur le tome 2 (2023) d'un livre qui semblait aguichant. J'ai rapidement trouvé en rayon le tome 1 (2021) qui donne bien envie de passer à la suite!
Cet écrivain humoriste touche à tout à officié principalement dans Hara Kiri et Fluide Glacial mais aussi sorti pas mal d'ouvrages décalés.
Ces deux cents petites pages sont passées bien vite tant les anecdotes cocasses était savoureuses, le tout dans un style truculent et érudit. Divisé en 4 patries, les deux premières sont consacrées à son boulot de jeunesse en tant qu'animateur au Club Med en 1975 en Roumanie puis Tunisie.
On est projeté ensuite en 1997 au Vietnam puis 2001 en Chine où pourtant hostile aux voyages organisés, il se laisse balader au gré des guides avec toutes les réticences possibles.
Bourré d'humour et de traits d'esprits, c'est très chouette à lire pour se distraire ! 


 

Aldo Léopold - La Terre comme communauté




Aldo Léopold - La Terre comme communauté

Moins idéaliste que Thoreau, moins naturaliste que Muir ou Burroughs, moins anar qu'Abbey, ce pionnier américain de l'écologie a jeté les bases de l'esthétique et de l'éthique environnementale. Décédé en 1949, Aldo Léopold n'amène pas vraiment d'idées neuves, il a quand même pu trouver les mots justes pour tenter de sensibiliser le profane à l'importance de la sauvegarde des espaces sauvages. Son combat a quand même permis de faire germer des forces pour la préservation d'espaces naturels.
"La Terre comme communauté" est présenté comme les coulisses de son plus connu "Almanach d'un compté des sables". Recueil de différents textes publiés entre 1923 et 1959, il martèle inlassablement les différentes réactions en chaine impulsées par l'avidité des hommes.
Homo œconomicus est dans une phase d'autodestruction sous prétexte de la course insatiable au progrès. Il reste toutefois conscient des enjeux bassement pécuniaires de son temps.
Le surpâturage, l'agriculture intensive, l'érosion et l'appauvrissement des sols mènent à la désertification. L'homme n'a donc jamais tiré les leçons de ses erreurs millénaires en terme de non régénérescence de la terre. L'extermination des grands prédateurs à conduit à la prolifération des herbivores qui déciment les jeunes forêts et n'amènent plus jamais le biote à accomplir son cycle vertueux.
On arrive alors à des paradoxes et des combats mal menés par certains écologistes qui n'ont pas compris que la vie est un ensemble complexe de relations végétales et animales. Alors pour se rassurer, on fait confiance aux politiques pour intervenir alors qu'il faudrait conscientiser chacun à préserver la Nature sans contrepartie tangible tout de suite. La Nature n'est pas un spectacle qu'on admire en 4x4 le dimanche mais son esthétique demande plus de pluri sensibilité. Les vrais espaces sauvages et inconnus sont devenus inexistants.
Ces textes ont malheureusement toujours leur raison d'être aujourd'hui et semblent avoir été rédigés l'an passé, c'est bien la preuve que malgré les  donneurs d'alerte, le monde continue de se consumer dans l'indifférence.


 

Fernando Pessoa - Le livre de l'intranquilité




Fernando Pessoa - Le livre de l'intranquilité

Sorte d'introspection profonde teintée d'une honnêteté incroyable, peut être parce que l'auteur ne voulait jamais vraiment publier cette œuvre décousue d'une vie, différente, compilée dans une malle.
Fernando Pessoa, était portugais et à publié en ce début de XXIème siècle une littérature variée sous divers hétéronymes.
Comme s'il tordait son âme pour en extraire le moindre fluide de la plus grande noirceur, cette prose est profondément poétique, empreinte de nihilisme, misanthropique, autocentrée, métaphysique parfois jusqu'à l'absurde. Entrelacé de multiples changements de point de vue, on voyage dans les limbes où la rêverie est omniprésente avec comme toile de fond la banalité du quotidien.
Parti d'un port inconnu, la vie est un navire qui vogue vers un autre inconnu  avec des passagers qui ne sont pas réels les uns pour les autres vu que la seule vérité est notre propre sensation. Le rêve est mis sur un piédestal, un véritable sacerdoce pour l'auteur qui en use et abuse au point d'en devenir étourdissant et redondant.
A la fin on tourne un peu en rond... Malgré qu'on quitte cette "Autobiographie sans événements" pour  "Les Grands Textes" puis les "Annexes" on a l'impression de sombrer de plus en plus dans la folie.
"Je gis ma vie. Eternels passagers de nous-mêmes, il n'est pas d'autres paysages que ce que nous sommes. Nous ne possédons rien, car nous ne nous possédons pas nous mêmes. Nous n'avons rien parce que nous ne sommes rien."
Une œuvre "maladive" marquante bien qu'un peu longuette, peut être aurais-je du la déguster à petites doses.

"L'ouvrage avance donc, à son allure complexe et tortueuse - la confession faite en rêve de l'inutile, de la douloureuse et stérile fureur de rêver".

Un petit chef d'œuvre qui ne ressemble à rien d'autre, à éviter en cas de dépression !

 

Vincent Cocquebert - La civilisation du cocon, pour en finir avec le repli sur soi




Vincent Cocquebert - La civilisation du cocon, pour en finir avec le repli sur soi

Essai sorti en 2021 qui nous permet de réfléchir sur notre tendance à nous renfermer sur nous même. Inclination déjà amorcée, elle fut exacerbée par les confinements du covid-19. L'auteur y parle du "cocon" stricto sensu, avec ce plaisir à rester chez soi bien au chaud et toute cette culture d'entretien de notre chez nous, de se satisfaire des plaisirs domestiques, de ne pas se confronter au monde. A quoi bon sortir quand aussi bien les relations sociales, les livraisons de biens et nourritures peuvent se faire par internet ? Le développement du télétravail, des vidéos à la demande et puis plus récemment de l'Intelligence artificielle nous baignent de plus en plus dans un monde égotique loin de la réalité.
La sacro sainte Sécurité est en train de devenir un nouveau dieu, on ne tolère plus aucun risque physique ou moral. C'est un peu comme ça que naissent les "safe places" destinées uniquement aux femmes, LGBTQIA+ en non-mixité avec, en réaction le contre pied pris par les extrêmes droites (espaces males, blancs...)
Ce communautarisme d'idées, modes de vie, identités mène à une absence de plus en plus marquée de débats et d'échanges, une société lissée de plus en plus manichéenne.
Cette fuite paranoïaque de la complexité du monde peut mener à divers élan conspirationnistes et complotistes.
Paradoxalement, depuis le début de l'Humanité, nous n'avons jamais baigné dans plus de confort et été aussi heureux, pourtant c'est maintenant que l'on observe le plus de dépressions.
On est nostalgique d'un passé supposément heureux, mais on tente de réécrire l'histoire et faisant des corrections dans les œuvres jugées offensantes pour certains communautés. Peut-être que cet évitement cognitif mène à un victimisation excessive qui devient obsessionnelle?
J'ai fait le lien de ce livre avec deux autres lus dernièrement "La fête est finie?" de Jérémie Pelletier et "Sociologie du risque" de David Le Breton.
En résumé cela secoue un peu de se confronter à ses propres contradictions et tendances, moi qui rêve d'un monde sans humains.