Gilles Lipovetsky - L'ère du vide
(Essais sur l'individualisme contemporain)
J'ai été attiré par le titre de ce recueil d'essais parus dans des revues entre
1979 et 1982 et retravaillés. Je ne m'attendais pas vraiment à ça mais, malgré
une grande complexité, j'ai trouvé cependant certaines réflexions fort
intéressantes. J'ai d'abord cru que l'auteur déplorait une certaine nostalgie
du passé qui n'a peut être jamais existé mais au final le style est assez
neutre, constat d'un changement dans la société en comparaison du passé.
On y présente le concept de post-modernisme et "de procès de
personnalisation". Le ton est quelque peu pompeux et parfois on se perd un
peu dans la succession de termes érudits. De plus en plus on assiste à l'effondrement
de l'autoritarisme au profit de la séduction. On ne veut plus contraindre
l'individu mais plutôt l'envouter en agitant la récompense de la société de
consommation. Tout est fait pour s'adapter au mieux aux gouts de chacun dans une
multitudes de loisirs, pensées, castes à la carte. L'individu prime sur la
masse. C'est à cause de ce manque d'idéaux communs que la société sombrerait
dans l'ère du vide. La grande époque du Narcissisme est là.
La société ne croit plus en la patrie, famille, armée, église, travail. Ces
grands dieux ne déchainent plus les consciences, pourtant elles tirent encore
les rennes dans l'ombre. Chacun se fait son petit syncrétisme perso à la cool.
Je me suis demandé à certains moments si le penseur était un vieux con ou un
visionnaire extralucide!
Une partie est consacrée à l'histoire de l'art moderne et post-moderne où à
force de vouloir innover, on finit par se mordre la queue.
L'humour? On a jamais si peu ri que depuis que l'humour est partout, on a
jamais compté autant de dépressifs depuis qu'on a un aussi large panel de
loisirs.
Un autre grand chapitre sur l'évolution de la violence au cours du temps
raconte que la vengeance et l'honneur dans les sociétés holistes, ont laissé place
aujourd'hui à une horreur de la souffrance d'autrui parallèlement à un
individualisme profond. On a désormais besoin de l'Etat pour gérer la justice
et se sentir protégé vu qu'on ne peut plus compter sur une communauté forte
pour gérer les conflits. Un grand dualisme anime désormais nos vies: d'un coté
un mélange de valeurs où chacun décide quelle chaussure lui sied le plus et le
retour d'intégrisme rigoureux qui séduit certaines minorités.
Ce n'est livre n'est pas des plus accessibles mais m'a fait un peu penser au
plus récent "Civilisation du cocon" de Vincent Cocquebert lu précédemment.
C'est d'ailleurs je pense, la raison pour laquelle j'ai découvert Gilles
Lipovetsky.

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire