Serge Latouche - Survivre au
développement
Economiste français et professeur d'université, Serge Latouche dénonce depuis
50 ans les dérives de l'économie libérale. Suite à de nombreuses recherches il
a publié plusieurs ouvrages qui traitent du sujet mais aussi des rapports
Nord-Sud et des ravages du colonialisme.
Il est un peu le cheval de proue du mouvement de décroissance francophone. Je
n'ai pas trop voulu m'éloigner du temps présent pour aborder cet auteur, donc
j'ai jeté mon dévolu sur ce petit essai paru aux éditions Mille et une nuits en
2004.
Malheureusement rien n'a changé dans la direction qu'à pris la tournure du
monde, ce serait même plutôt l'inverse...
Une bonne partie du livre est consacrée à une argumentation contre l'idée qu'on
peut continuer indéfiniment dans un concept de croissance infinie dans un
monde fini. Les aberrations de ce mythe sont passées au crible dans une
rhétorique frondeuse. Le capitalisme outrancier est par définition basé sur les
inégalités sociales et le fossé ne cesse de se creuser entre les plus puissants
de ce monde et les plus pauvres. Pour faire passer la pilule, on a inventé les
termes de "développement durable", "indice de développement
humain". Ces concepts qui tentent de séduire la planète entière sont
purement ethnocentrés, sur des idées impérialistes occidentales.
"Le développement durable, cette contradiction dans les termes, est
terriblement désespérant! Au moins avec le développement non durable et insoutenable,
on pouvait conserver l'espoir que ce processus mortifère aurait une fin. Il
s'arrêtera un jour victime de ses contradictions, de ses échecs, de son
caractère insupportable et du fait de l'épuisement des ressources
naturelles..."
Véritable imposture, la notion de développement se heurte aux paradoxes de la
créations des besoins, de l'accumulation et le paradoxe écologique de la
croissance.
Difficile de résumer tous les mécanismes qui sont ici condensés en une bonne
centaine de pages. Il y a d'ailleurs une riche bibliographie qui renvoie à
d'autres auteurs qui ont glosés sur ce thème.
En tous cas c'est un bon début pour démanteler ces idéaux dans lesquels nous
baignons depuis les Trente Glorieuses.
En fin d'ouvrage, Serge Latouche tente d'amener une début de solution en optant
pour un mode de vie de simplicité volontaire, d'autogestion et puis surtout de
cesser de trouver son bonheur dans la consommation aveugle. On connaît l'adage
que si tout le monde vivait comme un belge/français, il faudrait 2,9 planètes
pour subvenir à nos besoins.
Bien sur cela vous semblera utopique, et peu de gens sont près à troquer leur
mode de vie aisé pour une décroissance conviviale et un localisme pur et dur.
Mais peut-être que des petites révolutions du quotidien peuvent mener tout
doucement à un inversement des tendances ou du moins à un sentiment
satisfaisant de moins être complice du désastre.
Merci à François Sonnet pour la découverte.

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