Thomas Pynchon - V.
Folie ou génie? C'est la question qu'on se pose tout au long ce premier roman de
cet écrivain américain mystérieux paru en 1963. Il me demanderait sans doute
une seconde lecture pour en bien saisir le sens profond (ou pas)...
Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce n'est pas une lecture facile et
qu'il est fréquent de s'égarer, voire de ne plus rien comprendre du tout. Un
peu comme si on mangeait du riz avec de la choucroute aux ananas saupoudré de
vermicelles au basilic. Il semblerait que l'auteur n'ait pas su canaliser son
prodige et qu'il a mélangé plusieurs histoires qui miraculeusement finissent
par vaguement se raccrocher. En fait il s'agit principalement de deux récits
parallèles faits de multiples détours, digressions, divagations. Des séquences
ô combien hétéroclites mise dans un shaker et versé à coup de karcher dans ces
lignes pleines d'un grand talent littéraire. Le style est à la fois délirant,
imagé et plein d'érudition diverse. L'auteur n'est pas le dernier de classe
auquel on pourrait penser tellement est décousu sa narration, au contraire, de
nombreuses allusions scientifiques, philosophiques et historiques
s'entremêlent. Au plus les pages se tournent, au plus on croit saisir une vague
histoire de conspiration, d'espionnage et de la quête de l'énigmatique V.
Comme un jeu de piste, V. nous nous fera supputer différentes références de
lieux ou personnages.
J'ai été pas mal dérouté d'ailleurs par le nombre impressionnants des
intervenants (pas moins de 150!) pour 543 pages!
Ballotté entre divers lieux géographiques comme New-York, l'Egypte, Florence,
la Namibie, Paris, Malte,... On
est soudain surpris au chapitre IX d'assister une critique cynique d'une page
sombre de l'histoire coloniale trop souvent oubliée: le génocide des Héréros et
des Namas en Afrique de l'Ouest perpétré par le sinistre Lothar von Trotha.
Il y a aussi de la poésie, de la musique, de la robotique qui ne cesseront de
plonger le lecteur de plus en plus dans l'effarement. Alors que j'avais cru
saisir un semblant de suite logique, les cent dernières pages n'ont fait que me
plonger de plus en plus dans la confusion. On est tenté de croire à un accès de
n'importe quoi de l'auteur, comme s'il se laçait dans l'écriture d'un nouveau
roman à chaque chapitre. Sa manie à entrainer le lecteur dans des voies de
garage aura eu raison de moi puisque j'ai du me forcer à ne pas refermer le
livre avant la fin tant je n'ai pas vraiment saisi l'essence même de l'œuvre.

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