Sénèque - L'art d'apaiser la colère
Ce court essai philosophique qui daterait d'environ 50 après JC est une
première approche pour moi de cet illustre personnage. En fait il s'agit du
Livre III de "La colère".
Rédigé comme une lettre à son frère ainé, il tente de traiter ce vice qui
atteint toute les couches de la société et qui a de graves conséquences. A-t-on
vu des foules déchainées par autre passion? Il s'oppose à Aristote qui voyait
en la colère des vertus parfois utiles.
Vu comme une véritable maladie de l'esprit, il décortique les méfaits qu'elle
engendre. Par le menu il cite une série de cruautés commises par tel ou tel
notables de Perse, Grèce ou autre contrée barbare. Il décrit plusieurs scènes
de tortures perpétrées sous l'emprise de la colère. Peut-être s'agit-il là plus
de cruauté que de colère?
L'analyse de Cyril Morana en fin d'ouvrage pointe le paradoxe occasionnel des propos de Sénèque, à le lire
on aurait parfois l'impression qu'il est "en colère contre la
colère". Le contexte dans lequel il a rédigé cet essai était celui de
l'exil en Corse commandé par l'empereur Claude qui a succédé au cruel Caligula.
Ces derniers ont fortement nourri le ressentiment de l'auteur.
Il finit par quelques conseils pour attaquer la colère dès sa source une fois
celle ci passée car il est préférable d'aiguiser les lames de contre attaque en
période de sérénité. Notamment il conseille un examen quotidien de sa
conscience, "Telle est ma règle: chaque jour je me cite à mon
tribunal".
" La colère cessera, ou du moins se modérera, si elle sait que tous les
jours elle doit paraître devant son juge".
Il est inutile de gaspiller sa
vie tellement courte en ressentiment, tellement éphémère au regard du Temps
puisque de tout de façon tout s'annulera au moment de la mort. Une être réputé
calme pourrait passer pour un mollasson, mais on saura apprécier en bon
stoïcien à sa juste valeur quelqu'un qui sait justement maitriser ses passions.

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