Philippe Ariès - Essais sur l'histoire
de la mort en Occident
Comme un historien du dimanche
(pour reprendre ses propres termes) cet auteur français a passé une dizaine
d'années de sa vie à rassembler la matière qui allait constituer ces essais sur
la Mort. Il y a pas mal de redites quand on enchaine ces quelques 200 pages finalement
parues 1975. Entre ces articles, conférences, petits livres, il y a forcément
du redondant.
Pendant des siècles qui peuvent même se compter en millénaire, il y avait une
acceptation de la mort. En témoigne nombreux récits du Moyen Age jusqu'aux
Temps Modernes. L'homme savait sa fin inéluctable et le moment venu se
préparait avec abnégation à ce passage de vie à trépas. Il se résignait à ce
destin collectif. Sauf pour de rares rois et saints, le corps se décomposant
n'avait pas grande importance. Une fois la dépouille réduite à l'état de
squelette, il était courant de déplacer le corps, de l'entasser pour faire de
la place. Ces reliefs humains étaient stockés hors de la ville. Ce n'est
qu'avec l'arrivée de la chrétienté que les gens ont voulu être rassemblés
auprès des reliques de différents saints gardés dans des églises. Apparition
des cimetières mais aussi d'une forme d'art funéraire dans les villes qui
allait provoquer quelques problèmes d'hygiène et de surpopulation.
Mais il y a aussi un changement dans les concepts même du Jugement dernier et
un sentiment individuel qui apparait. Le jugement se fera désormais juste après
la fin de vie et l'on sera envoyé après ce tribunal céleste, directement au paradis ou en enfer. On
commence à redouter ce moment, à rédiger des testaments pour qu'une partie de
sa fortune serve à payer les prières et graver des pierres tombales pour
rappeler aux successeurs leur devoir de mémoire.
La mort devient obsession avec tout ce courant artistique de danse macabre. Il
y a une sorte d'érotisation de la mort qui apparait. Cela nous mène à la
période romantique des XVIII et XIVème siècle pour arriver à notre époque où
l'on va tout bonnement nier la mort. Ce glissement moderne continue encore
aujourd'hui. En effet, le deuil devient tabou, il n'est plus de bon ton de
s'épancher en public, de partager sa peine. Les évolutions de la médecine
permettent de faire trainer l'agonie, de maintenir des légumes en vie. Alors
que pendant des siècle, on trépassait chez soi (ou sur un champ de bataille)
entouré des siens, des voisins et d'un membre du clergé qui nous donnait
l'absolution, désormais c'est dans la
majeure partie des cas à l'hôpital, seul qu'on décède.
Le malade devient même comme un enfant à qui on veut cacher sa fin prochaine
pour qu'on ne se sente plus mourir. Ou alors celui ci fait semblant que ça va
aller pour ne pas casser l'omerta de la mort et poser des complications.
On nie la mort quand on maquille le cadavre pour le rendre
"présentable" pour les funérailles. Ces mœurs différent ici en Europe
et aux Etats-Unis.
Voilà qui est vite résumé mais j'ai trouvé ces essais passionnants et cela
porte à réflexion...
Pour
tout avouer, je pensais louer "L'homme devant la mort" du même auteur
que je tenterai à l'occasion, mais il y a fort à parier que les informations
soient assez similaires...

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