Denis Grozdanovitch - Le génie de la bêtise




Denis Grozdanovitch - Le génie de la bêtise

Recommandé par une lecture de Georges Picard, j'ai découvert cet auteur français qui fut aussi champion de tennis et squash mais est aussi amateur du jeu d'échecs.
Cet essai paru en 2017 virevolte entre souvenirs personnels, références littéraires et philosophiques d'une façon un peu décousue mais fort plaisante. On peut gouter au style érudit mais avec une certaine humilité de l'auteur. Montaigne, Flaubert, Valéry, Sartre ... font partie de cette cartographie qu'il nous fait parcourir.

On démarre sur un souvenir d'un cousin éloigné dit "simplet" qu'il côtoya durant son enfance mais qui avait une faculté incroyable d'intelligence qu'on peut qualifier de naturelle. Sorte de don pour débusquer les animaux sauvages, pouvoir les approcher voire interagir avec eux.  Avec son père, il fut amené à fréquenter la bourgeoisie du pourtour parisien qui se livrait volontiers à de longs monologues pour épater la galerie mais qui d'une oreille extérieure s'avéraient parfois d'un grande stupidité. Les notions de bêtise et ses nombreux synonymes ont pourtant des signification aux différences subtiles.
Un de ses amis juif l'avait initié aux interminables débats talmudiques "pilpoul" qui à force de chercher la contradiction avec l'interlocuteur finissent en incroyable non-sens. L'auto-ironie ferait bien d'inspirer certains décideurs ou les packs humoristiques bien lissés dont les médias nous saturent.  Certains deviennent des héros malgré eux d'une aventure cocasse confer les Darwin Awards.

Après ce long préambule, on entre dans le vif du sujet du livre à savoir des extraits de célèbres philosophes ou scientifiques ou écrivains qui se sont rendus coupables de flagrant délit de stupidité lors d'égarements multiples. L'auteur en souligne le coté bête, j'avoue que je me suis parfois un peu perdu, manquant de références à certains moments. Certains auteurs en pensant dénoncer la bêtise se sont laissés gagner par elle, en sorte d'arroseurs arrosés. Finalement nous sommes tous susceptibles d'y succomber à un moment ou à un autre. C'est notre coté faillible que certains scientifiques semblent parfois oublier dans une rigueur inhumaine. Lutter contre la bêtise est un combat vain, beaucoup s'y sont cassé les dents. Peut-être ferait-on mieux de parfois tenter un retour originel à notre intelligence animale et tenter une cohabitation en bons voisins avec les autres espèces vivantes. Petit plaidoyer au passage contre la chasse moderne, la production de viande et la vivisection.  A force d'avoir voulu s'élever au dessus du lot, l'Homme a totalement déséquilibré son environnement, une évolution qui tend à revenir à son point de départ. Un bénéfice ne peut que s'accompagner de son tribut. Les grandes avancées provoquent souvent des reculs pires, prétendument inattendus et pourtant fréquents.

Alors qu'à un moment on se sent peut-être saturé de référence, Denis Grozdanovitch relate encore quelques souvenir personnels notamment un professeur lors de ses humanités qui lui aurait instillé une certaine ouverture d'esprit. Quelques pensées encore sur l'architecture et l'art contemporain qui nous laissent sur une belle réflexion. L'humain et ses nombreux paradoxes, la volonté de l'originalité mène parfois au plus banal copier-coller, la conceptualisation à outrance nous éloigne de plus en plus de sens commun. C'est peut-être là la clé pour échapper un peu à la bêtise: un lâcher prise, une acceptation de sa propre faiblesse et une bonne dose d'autodérision.
Me voilà encore avec une série d'autres ouvrages sur ma pile...



 

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