Percy Bysshe Shelley - La révolte de l'islam




Percy Bysshe Shelley - La révolte de l'islam

Première approche de ce poète romantique anglais assez proche de Byron du début du XIXème siècle. J'ai pris un des rares ouvrages en rayon de la bibliothèque. Le titre n'a finalement que peu de rapport à l'islam, il a plusieurs fois changé de titre: d'abord "Laon et Cythna", "La révolution de la cité dorée" ou encore "Une vision du XIXème siècle". Il semblerait que ce titre définitif soit une attaque frontale contre la religion en général et que pour éviter directement la censure anglaise, il a choisi l'islam comme titre.
Ces 12 chants ici traduits en en français en prose sont une véritable ode à la Liberté et au triomphe de l'Esprit sur l'hégémonie obscurantiste de la religion et de l'état. Cette longue allégorie sur l'émancipation met l'accent sur l'égalité totale entre les sexes ce qui est bien en avance sur son temps. Shelley n'étant pas étranger aux idées anarchistes, il a su au long de ses œuvres mêler poésie et philosophie du "Ni dieu ni maître".
Le récit débute par une métaphore de l'aigle qui combat le serpent et se poursuit par la rencontre avec l'alter ego du narrateur et qui nourrissent ensemble les mêmes sentiments de justice et d'égalité entre hommes et femmes et rejettent les doctrines qui asservissent l'âme.
Ils subissent tous deux une triste épopée de captivité, faim et soif, isolés du monde sur une île ou au fond d'une grotte. Symbole de l'oppression des tyrans, ils sont libérés et se retrouvent pour une cavalcade sur un destrier noir qui vient pour pourfendre le monde injuste. Visions apocalyptiques de l'enfer sur terre où règne désolation engendrée par le pouvoir et l'esclavage.
Ils finissent pour être sévèrement réprimés et accèdent au paradis terrestre.
On peut sentir tout au long du texte un véritable espoir dans l'amour une admiration pour les beautés de la nature.


 

John Steinbeck - Tortilla Flat




John Steinbeck - Tortilla Flat

Contrairement aux "Raisins de la colère" ou encore à "Des souris et des hommes", Tortilla Flat amène un peu de sourire aux lèvres au lecteur de ce roman dit picaresque
. L'auteur y raconte les déboires d'une bande de copain dans un coin de Californie où le soucis principal semble être la recherche de gallons de vin. Désabusée, la vie des différents protagonistes s'imbrique dans celle de son anti-héro Danny qui fait office de bon samaritain. Les ruses et les larcins se succèdent dans ces existences miséreuses où l'on recherche le beurre et l'argent du beurre. Très bien écrit une fois de plus et quelque peu cocasse, les pages se tournent sans difficulté pour nous mener au dénouement final qui semble ne pas affecter le train-train de Tortilla Flat.


 

Ambrose Bierce - Le Dictionnaire du Diable




Ambrose Bierce - Le Dictionnaire du Diable

Ouvrage regroupant un travail intermittent de 25 ans commencé en 1881, il réunit de courts extraits de lexicologie fantaisiste publiés en leur temps dans la presse d'époque. Provoquant, iconoclaste doté d'un humour un peu désuet, on est amusé (ou pas) par les pensées cyniques de cet écrivain journaliste énigmatique. Mêlant humour noir, absurde et fausses citations de pseudo-poètes, on pioche dans ce livre tout le au long de l'alphabet entre deux lectures plus sérieuses. A part quelque perle du genre
 "Amitié: Bateau suffisamment grand pour transporter deux personnes quand il faut beau, et une seule en cas de mauvais temps", j'ai trouvé ça globalement un peu lourd à la longue mais j'ai quand même apprécié le ton de désillusion profonde sur l'humanité.



 

Gilles Lipovetsky - L'ère du vide (Essais sur l'individualisme contemporain)




Gilles Lipovetsky - L'ère du vide (Essais sur l'individualisme contemporain)

J'ai été attiré par le titre de ce recueil d'essais parus dans des revues entre 1979 et 1982 et retravaillés. Je ne m'attendais pas vraiment à ça mais, malgré une grande complexité, j'ai trouvé cependant certaines réflexions fort intéressantes. J'ai d'abord cru que l'auteur déplorait une certaine nostalgie du passé qui n'a peut être jamais existé mais au final le style est assez neutre, constat d'un changement dans la société en comparaison du passé.
On y présente le concept de post-modernisme et "de procès de personnalisation". Le ton est quelque peu pompeux et parfois on se perd un peu dans la succession de termes érudits. De plus en plus on assiste à l'effondrement de l'autoritarisme au profit de la séduction. On ne veut plus contraindre l'individu mais plutôt l'envouter en agitant la récompense de la société de consommation. Tout est fait pour s'adapter au mieux aux gouts de chacun dans une multitudes de loisirs, pensées, castes à la carte. L'individu prime sur la masse. C'est à cause de ce manque d'idéaux communs que la société sombrerait dans l'ère du vide. La grande époque du Narcissisme est là.
La société ne croit plus en la patrie, famille, armée, église, travail. Ces grands dieux ne déchainent plus les consciences, pourtant elles tirent encore les rennes dans l'ombre. Chacun se fait son petit syncrétisme perso à la cool.
Je me suis demandé à certains moments si le penseur était un vieux con ou un visionnaire extralucide!
Une partie est consacrée à l'histoire de l'art moderne et post-moderne où à force de vouloir innover, on finit par se mordre la queue.
L'humour? On a jamais si peu ri que depuis que l'humour est partout, on a jamais compté autant de dépressifs depuis qu'on a un aussi large panel de loisirs.
Un autre grand chapitre sur l'évolution de la violence au cours du temps raconte que la vengeance et l'honneur dans les sociétés holistes, ont laissé place aujourd'hui à une horreur de la souffrance d'autrui parallèlement à un individualisme profond. On a désormais besoin de l'Etat pour gérer la justice et se sentir protégé vu qu'on ne peut plus compter sur une communauté forte pour gérer les conflits. Un grand dualisme anime désormais nos vies: d'un coté un mélange de valeurs où chacun décide quelle chaussure lui sied le plus et le retour d'intégrisme rigoureux qui séduit certaines minorités.
Ce n'est livre n'est pas des plus accessibles mais m'a fait un peu penser au plus récent "Civilisation du cocon" de Vincent Cocquebert lu précédemment. C'est d'ailleurs je pense, la raison pour laquelle j'ai découvert Gilles Lipovetsky.


 

Michaël Lambert - Les femmes de Rops




Michaël Lambert - Les femmes de Rops

Michaël Lambert est un écrivain liégeois mais pas que vu qu'il s'investit dans divers projets culturels. J'ai eu l'occasion de le croiser il y'a quelques années et rétrospectivement, j'ai voulu découvrir ce qu'il proposait comme littérature. Ses talents sont multiples puisqu'il écrit aussi bien de la poésie, du théâtre, des scénarios et des romans. J'ai donc trouvé en bibliothèque ce roman qui m'a tenu en haleine jusqu'au bout.
On y découvre la vie de Félicien Rops "romancée" mais avec de réelles références historiques alternant avec une enquête de Jean Desjardins. Celui ci est un agent d'assurance qui est chargé par le musée Rops de Namur de rendre un rapport sur un "attentat" qui a eu lieu en ses murs . Très vite, Jean se plonge dans la vie tumultueuse de l'artiste et on commence à voir dans sa propre vie d'étranges similitudes. Il y a comme une aura Rops qui se met à planer dans l'air.
On sent bien que Michaël Lambert à de solides bases littéraires car son style est très travaillé et on y décèle quelques phases poétiques. Il se fait plaisir avec quelques facéties qui tournent autour de Noël Godin et BHL...
Hâte de découvrir d'autres ouvrages! 


 

John McPhee - Rencontres avec l'archidruide




John McPhee - Rencontres avec l'archidruide

Conseillé par l'honorable Des livres rances, j'avais ajouté cette pièce à ma liste de lecture. Ma dernière dans le domaine de Nature Writing remontait à quelques semaines (mois?) , je me suis lancé dans ce triptyque dont les titres s'intitulent sobrement une montagne, une île, une rivière.
On y explique les déboires idéologiques entre David Brower, militant écologiste avec différents protagonistes avides de profit, prêts à défigurer à jamais des zones encore préservées de l'Amérique.
Dans la première partie on assiste à une rando autour du Glacier Peak dans l'état de Washington où un prospecteur fou cherche à tout prix à installer une mine pour y extraire du cuivre. Ses ardeurs sont bridées par le débat qui l'oppose à des considérations conversationnistes/préservationnistes.
On reste dans le thème Nature vs Prospérité dans la deuxième partie où l'avis de ce druide de la sanctuarisation des espaces verts est demandé par un promoteur immobilier qui veut s'implanter dans le havre qu'est Cumberland Island. Une fois encore on est dans une argumentation pour/contre où chacun restera sur ses positions en tentant de convaincre l'autre.
On termine sur le thème des barrages avec encore une fois une guerre idéologique entre David Brower et le Bureau des Réclamation. Ce dernier avance les avantages de la productions de courant et des zones de loisirs qui découlent de la construction d'un tel édifice tandis que l'autre veut garder les espaces vierges. Tout bel endroit naturel doit se mériter et n'est accessible qu'à quelques poignées de sportifs motivés. Ce n'est pas l'avis des promoteurs qui sous prétexte de l'accès à tous veulent au passage s'en mettre plein les poches.
Cela change de la simple contemplation de la nature, mais ce long argumentaire (qui tourne parfois en rond) nous permets de nous faire une opinion sur les sujets sans que l'auteur prenne vraiment parti puisqu'il se contente de rapporter des arguments contraires.