William Hazlitt - La solitude est
sainte
Cet écrivain irlando-britannique me semble bien méconnu des temps
actuels. Sans doute est-il tombé dans l'oubli des francophones alors qu'il
s'est illustré comme critique littéraire important et auteur de plusieurs
essais au tout début du XIXème siècle. Je me demande encore comment je suis
tombé dessus, mais je me rappelle juste avoir été fortement attiré par le titre
de cette publication.
J'avais il y a quelques années loué le très court "Du plaisir de haïr
suivi de Sur le sentiment d'immortalité dans la jeunesse" dont le titre
m'avait séduit.
Son style est direct, précis sans fioriture ni longueur inutile. Surement cela
lui vient-il de son autre activité de peintre.
On a l'impression de lire dans un langage plus franc et résumé de prédécesseurs William Wordsworth,
Shakespeare ou encore Jean-Jacques Rousseau, plus particulièrement "Les
Rêveries du promeneur solitaire" paru en 1782. D'ailleurs William Hazlitt
est né en 1788 année de décès de Jean-Jacques...
Après une petite préface biographique signée Lucien d'Azay, on déguste trois
texte concis.
"Partir en voyage" est une réflexion sur la promenade et
l'émerveillement qu'on peut ressentir à arpenter les paysages. Cette
dissertation s'accompagne de nombreuses références poétiques et d'autres
auteurs.
Pour pouvoir saisir pleinement l'essence de la nature qui nous entoure et se
livrer à diverses divagations personnelles, il est nécessaire d'apprécier la
pleine solitude.
l ne fuit pas totalement la compagnie,
mais préfère celle fortuite d'une rencontre ou encore la société de compagnons
de table lors d'une nuitée dans une auberge. Il nuance son propos quand il
s'agit de visiter un musée, une ville, des ruines ou encore un pays étranger. A
ce moment là le compagnonnage est recommandé pour pouvoir débattre de ses
observations.
" Je peux apprécier la compagnie dans une pièce; mais dehors, celle de la
nature me suffit. Je ne suis jamais moins seul que quand je suis seul".
"Vivre à part soi" est le deuxième petit essai, qui tente de nous
montrer la voie de la quiétude de l'esprit." Vivre dans le monde sans
dépendre du monde", dans une sorte de béatitude contemplative libérée de
toute dépendance à quiconque. Fuir cette attente parfois vaine de
reconnaissance d'autrui, préférer l'indifférence.
Ensuite il digresse assez bien sur le thème du public dont est tributaire la
réputation de différents artistes. Le public n'a pas vraiment de goût propre,
il ne fait qu'osciller au gré des modes parfois contradictoires et se laisse
porter par vagues lunatiques. Ces
pensées sont tout à fait encore d'actualité 200 ans plus tard. Bref, ne
comptons sur personne pour nous apporter le bonheur.
On termine par "Du passé et de l'avenir" qui nous pousse dans un
raisonnement métaphysique sur les concepts du temps. Alors que certains ne
jurent que par l'ambition du futur, il est bon de faire acte du passé qui est
finalement tout ce que nous sommes. L'avenir quant à lui n'a encore aucune substance
réelle.. Cela se termine par une petite remontrance contre ceux qui affirment
que la vie n'est rien sous prétexte qu'on est mortel. De quoi bien se triturer
l'esprit, mais ça reste court et très accessible.

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