Hubert Prolongeau- Partis sans laisser d'adresse




Hubert Prolongeau- Partis sans laisser d'adresse

J'avais mis de coté l'idée de lire ce livre après "Disparaître de soi" d'encore David Le Breton.
Celui ci est paru en 1995 mais a été réédité début 2000. L'auteur qui est journaliste, essayiste et écrivain tente une approche inédite du thème de la disparition volontaire. Pourtant le sujet a déjà été traité mais bien souvent exclusivement du coté de la famille ou des proches du disparu.

En guise d'introduction, il y est question de l'émission "Perdu de vue" de Jacques Pradel qui doit évoquer quelques souvenirs à ceux qui regardaient TF1 au début des années 90. C'était une prémisse de la téléréalité en quelques sortes et était fortement scénarisée. Cela n'enlève en rien à la peine éprouvée par les gens plongés dans la tristesse et l'incompréhension mais il s'agissait pour la production de faire du spectacle et l'audience.

Au chapitre suivant, les exemples et témoignages se succèdent du coté de ceux qui restent et on se rend compte qu'il y'a souvent les même schémas qui reviennent dans le processus de deuil.
Deuil qui a du mal à se faire, car on ne peut jamais être sûr l'issue funeste. Et c'est bien ça qui pourrit la vie, met tout en stand by avant de péniblement tenter de tourner la page et revivre. Campagnes d'affichage, radiesthésistes, remords, théories du complot, recherches interminables et infructueuses apparaissent mais les raisons invoquées pour expliquer l'inexplicable sont parfois bien loin des vérités des fugueurs. Ces escamotages peuvent aussi naître d' un refus de ce diktat de la famille unie et heureuse et la revendication d'un droit de liberté individuelle.

On passe ensuite par une enquête au cœur de la Brigade de Recherche française qui est spécialisée dans les recherches de disparus et avec des témoignages on voit un peu comment ça se déroule. Les détectives privés sont aussi souvent sollicités avec moins de moyens que la police. Ceux ci sont parfois des charlatans. Autre section, le service des cadavres qui tente au jour le jour de mettre un nom sur des corps et parfois faire le lien avec ceux qui manquent à l'appel. Bien sur, depuis 1995 les techniques informatiques et ADN ont évolué.
Nombreuses aussi sont les associations qui se sont créées pour venir en aide aux proches qui cherchent sans relâche. Souvent même elles se sont constituées suite à un cas précis. Cela leur permet de la visibilité et du soutien. Cela donne aussi une activité à faire aux éplorés pour ne pas sombrer.
Vient ensuite la partie consacrée aux disparus volontaires. Différents témoignages ou histoires de vieillards qui veulent fuir leur sénilité ,voyageurs pathologiques,  escrocs qui sont partis et qui racontent leur petites combines pour vivre dans la clandestinité.

Chaque histoire est différente, mais il y a souvent un point de rupture qui pousse ces fuyards à franchir le cap, souvent "à cause" de leur entourage, comme un suicide non assumé d'une réalité qu'ils ne supportent plus. Ces âmes en peine peuvent parfois prendre divers chemins: sans-abrisme, légion étrangère, sectes...
Rares sont ceux qui ont vraiment trouvé le bonheur dans cette fuite, bien souvent ce qu'ils ont abandonné ne cessent de les hanter. Bien que les ponts soient parfois totalement coupés, ils rêvent souvent de retrouvailles.
Celles ci se passent rarement très bien, la plaie ne se referme jamais vraiment tout à fait. Les abandonnés n'arrivent pas à faire totalement confiance, ils redoutent une nouvelle disparition.

 

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