Laure Adler - La voyageuse de nuit
Laure Adler, âgée de 75 ans aujourd'hui a publié en 2020 cet essai
résultant d'une enquête sur la vieillesse débutée en 2014. Cette française au
parcours bien rempli est l'auteure de nombreuses biographies, mais aussi essais,
entretiens, préfaces etc. Elle peut se targuer aussi d'un carrière
audiovisuelle, journalistique et même politique. C'est grâce à une référence de
David Le Breton que j'ai projeté la lecture de ce livre avec qui d'ailleurs
elle a correspondu ce qui a motivé sa rédaction.
Présenté comme "un carnet de voyage au pays que nous irons tous habiter:
la vieillesse", elle enchaine les réflexions, les témoignages, des
références littéraires ou cinématographiques. Articulé autour du sentiment, de
l'expérience et de la vision de l'âge, on est amené à prendre conscience que le
temps qui passe et nous use qui est une fatalité a pour fin la mort. Lapalissade
et sujet universel souvent abordé au fil des siècles, on fait de nombreux allers-retours dans un style parfois un peu erratique entre expériences
personnelles, pensées, autres œuvres.
Ce qui en ressort, c'est que l'âge est un sentiment bien souvent subjectif, on
peut être vieux à 21 ans comme on peut rester jeune à 90. Tout est une question
de perception personnelle, bien souvent personne ne se sent vieillir. Bien que
le corps puisse faire de plus en plus défaut, notre esprit aussi d'ailleurs
(pertes de mémoire), c'est à nous de décider quel regard nous voulons porter
sur notre rapprochement inéluctable de la fin.
En écho avec d'autres lectures récentes (cf Lipovetsky), le culte du nouveau a
tendance à reléguer au placard le vieux. La société actuelle occidentale, ne
veut plus s'encombrer d'éléments improductifs et balaie sous le tapis d'une
maison de retraite ces vies dépassées. Ce n'est et ne fut pas toujours le cas,
car âge avancé peut être synonyme de sagesse, de grand savoir accumulé. Alors
que la science permet d'allonger sensiblement notre espérance de vie, le
vieillissement de la population va nous amener dans les prochaines décennies à
compter une grand nombre de centenaire. Que ferons nous pour gérer cette
"masse inutile"?
Asile était souvent donné à nos aïeux quand ils n'étaient plus capables de
s'occuper d'eux-mêmes, désormais on les place en EPHAD (comme on dit en France)
si possible loin des centres villes, loin de la jeunesse. Cela représente un
business juteux vu le nombre croissant de cette population. Alors qu'on a
économisé toute une vie pour sa retraite, on va tout donner pour qu'on nous
aide à mourir à petit feu, pas toujours dans le respect. Les sommes pour ces
services sont très élevées et ne sont pas à la portée de toutes les bourses.
Bien souvent les enfants doivent contribuer à l'entretien d'une fin de vie.
Après ces 200 pages, on referme le livre quelque peu rassuré (ou pas) sur cette
grande évidence du temps qui fuit.
La vieillesse est une irrévocable mais peut être synonyme de bonheur, à nous de nous y préparer pour lui donner
sens dans une vie qui n'en a pas, de l'accepter avant son dernier souffle.

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