Rémy Oudghiri - Déconnectez-vous!




Rémy Oudghiri - Déconnectez-vous!

Le titre est on ne peut plus clair pour cet essai paru en 2013! Cet impératif semble douze ans plus tard encore plus d'actualité tant notre société a encore un peu plus plongé dans l'hyper connectivité.
J'avoue que je m'attendais à une fronde contre internet, mais cet ouvrage va plus loin que ça et aborde vraiment plusieurs niveaux et aspects de la déconnexion.

Le début nous montre un peu les mécanismes qui ont conduit cet élan qui a changé notre quotidien et notre rapport au monde. Après l'arrivée de l'internet chez quasi tout le monde, on est entré dans une nouvelle ère lorsque internet est devenu omniprésent via les téléphones portables.
Aubaine pour les grands timides, cet outil nous permet partout et tout le temps d'être au courant de la moindre nouvelle (bien souvent dispensable) mais aussi d'être vecteur de replis sur soi. Nous devenons moins présent au monde dans notre bulle virtuelle. Enquêtes et sondages à l'appui, on constate une complaisance de plus en plus puissante qui nous fait préférer surfer dans ce flot continu de pseudo-vie au lieu d'affronter notre environnement. Alors qu'une certaine gratuité prospère sur le web, on devient un consommateur encore plus malléable aux yeux des marchants en tout genre.
Bien que ce ne soit pas forcément l'apanage d'internet, notre conscience du présent se fracture pour flotter dans un flux tendu de surinformation, de vie par procuration. Une véritable addiction peut se créer et, ironie du sort, il existe des applications payantes pour pouvoir brider notre besoin de connexion.
Internet était censé nous faire gagner du temps pour plein de choses, mais on se rend compte que ce réseautage nous en fait perdre en nous aliénant. Notre cerveau perd de sa capacité cognitive, plus besoin de calculer, de réfléchir, de fouiller, il suffit d'ouvrir la bouche et gober tout cru.
Face à cette vague de plus en plus incontrôlable, ce dictat de la modernité, des mouvements se créent pour palier à ce raz-de-marée.

Dans la deuxième et troisièmes partie, il est question aussi de déconnexion du train-train quotidien, d'une vie qui ne nous convient plus. Bien souvent ce sont des échappées du monde sociétal. Marches, vacances, méditations, isolement volontaire, reconnexion avec la nature, mouvement "slow" sont abordés via quelques exemples. Plus spécifiquement, Rémy Oudghiri va vraiment développer quatre auteur classiques dans leur démarche de déconnexions avec leur temps.

Sénèque recommande l'oisiveté pour devenir une sorte de penseur patenté qui par ses écrits influencera les hommes d'actions vers la sagesse. Ou alors les actifs peuvent prendre un recul temporaire pour se poser, réfléchir à leurs erreurs ou leurs égarements loin du tumulte pour mieux revenir dans la vie active ragaillardis.

Rousseau à la fin de sa vie a exprimé son amour pour la rêverie, la solitude. Chaque divagation de l'esprit est propre à chacun et permet de tâter les sensations que nous procure le monde.

Thoreau en s'isolant à Walden a voulu se concentrer sur l'essentiel. Comme démarrer une vie originelle sans préjugés, pour dégager les œillères que nous impose la vie en société et se poser solidement sur le socle de la Vie, au plus proche de la nature.

Herman Hesse en plein boom de l'industrialisation alerte sur les bienfaits de lever le pied, de prendre le temps, de faire un pas de côté sans à tout prix optimiser chaque minute dans un but productif.
Ces quatre auteurs prônent tous une déconnexion pour mieux se reconnecter à soi-même et atteindre une forme de vie plus authentique.

Que faire donc aujourd'hui pour prendre de la distance face au tohu-bohu qu'est devenu le monde?
Plusieurs pistes s'offrent à nous , comme pratiquer l'ironie, considérer notre univers comme une farce, ne pas se prendre au sérieux. Mais à force de tout prendre à la légère, on pourrait vite aussi perdre le control de nos vies et revêtir un habit de trop grande nonchalance. A nous de trouver le juste milieu, mais en tous cas jeter l'encre, prendre parfois du recul dans le courant perpétuel.



 

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