Fischer / Sonnet / Damaskis - Le champ des possibles



 




Fischer / Sonnet / Damaskis - Le champ des possibles

J'ai reçu cette BD qui a été lancée par un crowfunding il y'a quelques mois. Elle met en scène la biographie  du maraicher François Sonnet qui suite à un changement de cap dans sa carrière décide d'embrasser la vie paysanne.
 Je ne suis pas un adepte des bandes dessinées mais j'ai apprécié ce ton léger et quelque peu facétieux qui raconte les interrogations de ce nimaculteur, son cheminement qui l'amène à mettre en place son champ cultivé avec respect pour la Terre. Grâce à son travail il a mis en place un système d'auto cueillette qui permet à quelques familles de s'alimenter sainement au fil des saisons. Cette œuvre collective nous explique le concept de GAC, de la permaculture et l'importance de préserver la biodiversité. Elle remet aussi les pendules à l'heure concernant la labellisation BIO et l'absurdité de la Politique Agricole Européenne.

Il est possible de commander via



Charlotte Bourlard - L'apparence du vivant

 





Charlotte Bourlard - L'apparence du vivant


Pas facile de faire une critique d'un roman de quelqu'un qu'on connaît, mais je vais essayer, surtout que je l'ai lu il y'a quelques mois...
Cette jeune auteure liégeoise a défrayé la chronique avec son premier roman fraichement sorti en janvier 2022 aux éditions Inculte. L'apparence du vivant nous plonge dans l'esprit pervers d'une jeune fille qui se rapproche d'un couple de croque mort à la retraite au départ pour en faire des photos. Elle va carrément prendre ses quartiers dans cet ancien funérarium et découvrir le monde fascinant de la taxidermie. L'intrigue se déroule à Liège et ses coins les plus glauques avec de véritables promenades teintées de tourisme noir. Phrases tranchantes dans une univers macabre, le style puise son inspiration dans l'argot et un certain langage familier avec de longues descriptions de chirurgie post mortem. Les pages nous filent entre les doigts et sentent presque le formol et la charogne.
Adeptes de la petite maison dans la prairie, passez votre chemin ! Pour les autres ne tardez pas à vous le procurer la rupture de stock n'est pas loin.


John Muir - Quinze Cents Kilomètres à pied à travers l'Amérique profonde

 






John Muir - Quinze Cents Kilomètres à pied à travers l'Amérique profonde

Naturaliste infatigable du XIXeme siècle, John Muir c'est un peu le père de l'écologie moderne. Je ne peux pas encore vraiment m'étendre sur le personnage puisque c'est le premier récit de ce botaniste hors pair d'origine écossaise qui a émigré aux Etats-Unis, que je lis.
Malgré sont titre, ce récit de voyage est assez court. Il est même inachevé et publié de manière posthume en 1916. Il est agrémenté de descriptions de faune et de flore qui émerveille l'auteur quand il découvre ces espèces nouvelles à travers un périple qu'il a parcouru de l'Indiana jusqu'en Floride, puis Cuba, New York et enfin la Californie.
Sur fond de la fin de la Guerre de Sécession il s'interroge sur la place de "Monseigneur l'Homme" parmi les espèces vivantes sur Terre.
Teinté de créationnisme (mais remettons les choses dans leur époque), il décrit les beautés de la nature et se distingue des chrétiens de son temps en ne plaçant pas l'Homme au centre de l'univers.
Comme il s'agit d'un journal, le style n'est pas vraiment très travaillé et peut être un peu lassant mais il est un bon exemple de "Nature Writing". 




J.D Salinger - L'attrape-cœur








 

J.D Salinger - L'attrape-cœur

Je m'étais toujours interrogé sur la signification de la chanson d'Indochine " Des fleurs pour Salinger". J'ai désormais compris où ils voulaient en venir avec cet hommage à l' écrivain et à son isolement. Les allusions à cet auteur pourtant peu prolifique sont nombreuses dans le monde de la musique, du cinéma, des séries, de la télévision...
L'attrape-cœur c'est sont œuvre majeure et un classique de la littérature américaine du XXeme siècle. J'ai dévoré ce roman quasi d'une traite ! On est plongé dans la tête d'un garçon qui est à la charnière du monde adulte et est déjà désabusé par ce qui l'entoure. Il n'arrête pas de se perdre dans ses envies et ses aspirations.  En décrochage scolaire, il n'arrive pas à se comprendre ni à entrevoir un quelconque avenir. Dans un style bourré d'humour, à la limite du langage parlé je l'ai trouvé incroyablement "moderne" pour son âge (paru en 1951). La seule chose que je me demande c'est comment je m'y suis pas intéressé plus tôt.

David Le Breton - Disparaître de soi: Une tentation contemporaine





David Le Breton - Disparaître de soi: Une tentation contemporaine

Une fois encore j'ai découvert David Le Breton au hasard de mes déambulations dans le coin "rando" à la bibliothèque. Ce professeur d'université mais aussi sociologue et anthropologue français est l'auteur de nombreux essais sur les représentations et les mises en jeux du corps humain.
Parmi sa trilogie d'essais sur  le thème de la marche, j'ai tout d'abord lu son premier "Eloge de la marche" de 2000 puis le dernier en date "Marcher la vie. Un art tranquille du bonheur" de 2020.
Au delà d'une profonde réflexion sur le concept même de se déplacer lentement à pieds et de pouvoir percevoir le monde à un rythme humain, il y'a matière à penser sur notre propre exploration de l'environnement. La rando courte ou au long cours est une manière de fuir le quotidien pour quelques heures ou jours. Ces ouvrages sont truffés de références avec une bibliographie d'auteurs qui permettent d'aller plus loin dans l'approfondissement de ces thèmes. Ils ont été de véritables tremplins pour découvrir un série d'écrivains qui ont développés les thèmes de récits de voyages dans l'approche philosophique, naturaliste voire du concept même du tourisme. H.D Thoreau, Edward Abbey, Stevenson, Patrick Leigh Fermor, Laurie Lee, Jacques Lacarièrre.... la liste est longue et ouvre de nouveaux horizons.
Mais revenons à " Disparaître de soi" qui aborde entre autres la marche dans sa façon qu'elle a de nous permettre de sortir de nos zones de confort, de notre train train. Le monde va de plus en plus vite et l'on peut éprouver, pour une infinité de raisons, le besoin de s'évaporer, de fuir. Chaque être n'est pas une personnalité fixe et définie, mais ne cesse de se renouveler via parfois la régression, l'effacement...
De l'adolescence, qui est une période de construction du Moi dans une société de plus en plus virtuelle et déshumanisée jusqu'à la vieillesse, qui nous fait peu à peu quitter ce que nous avons pu être.  "Etre vieux c'est l'âge où il tout à regretter, rien à espérer" dit Victor Jankelevitch.
"Mais même au point de vue des plus insignifiantes choses de la vie écrit Proust, nous ne sommes pas un tout matériellement constitué, identique pour tout le monde et dont chacun n'a qu'à aller prendre connaissance comme un cahier des charges ou d'un testament ; notre personnalité sociale est une création de la pensée des autres. "


 

Dominic Cooper - Le cœur de l'hiver

 






Dominic Cooper - Le cœur de l'hiver


Conseillé par l'ami Lolo et sa page Deslivresrances, ce roman s'est ajouté à ma liste juste avant mon départ pour la bibliothèque et je n'ai pas été déçu. Dès la première page, le décors froid, minéral et marin des Highlands est planté. La vie rude et simple de ce pêcheur qui vit de rien sur une île est décrite avec une précision poétique.  On a l'impression de respirer l'air du large et de tanguer sur les vagues déchainées dans une barque de fortune, d'entendre les lingots de tourbe crépiter dans l'âtre d'un maison séculaire qui  se drape de plus en plus de son manteau d'hiver.  Les pages filent entre des doigts comme des petits pois qu'on écosse tandis que le quotidien de cet homme primesautier est bouleversé par l'envie ,la jalousie et la haine.

Olivier Bleys - Concerto pour la main morte

 






Olivier Bleys - Concerto pour la main morte


Il y'a plusieurs mois, alors que j'avais délaissé la lecture depuis plusieurs années, faisant exception à San Antonio, je me suis remotivé à renouveler mon inscription à la bibliothèque. Armé de quelques références j'ai flâné dans les rayonnages à perte de vue m'arrêtant au hasard de la section "Marche et randonnée". J'ai été attiré par le petit ouvrage Manifeste de la marche de Olivier Bleys. L'auteur y raconte son tour à pieds de la limite administrative de sa ville à l'instar du tour du Mont Blanc.
Séduit par son style je me suis mis en recherche d'autres ouvrages de sa plume . Pas né de la dernière pluie, il a sorti une trentaine de romans, essais, récits de voyages, BDs...
C'est ainsi que j'ai lu les romans L'île, Pastel et maintenant Concerto pour la main morte. Le récit tient un peu du conte et nous emmène ici au fin fond de la Sibérie et de son ambiance noyée dans la vodka au milieu de la nature glacée. Teinté de symbolisme, d'une morale et avec comme thème principal le concerto n°2 en do mineur de Rachmaninov, on entre vite dans les mœurs de cette société rurale repliée sur elle même. Celle ci voit son quotidien bouleversé par l'arrivée d'un drôle de pianiste.

Walt Whitman - Feuilles d'herbe






Walt Whitman - Feuilles d'herbe

Cette  première approche de la poésie ne risque pas de m'encourager à poursuivre son exploration. En effet peut être je garde un souvenir douloureux de ma scolarité qui tenta de me donner le gout des poètes. Annoncé comme le chef d'œuvre de ce pilier de la poésie américaine qui met en exergue la sensualité et les émotions vives, mon erreur est d'avoir sans doute lu ce recueil en français et non pas en anglais d'origine?
Je ne sais même plus pourquoi j'avais noté le nom de Walt Whitman dans les choses à lire. Toujours est-il que je ne sais par quelle motivation masochiste  je me suis farci jusqu'au bout ces presque 600 pages (en tous cas dans l'édition des Carnets Rouges) d'astiquage sur la beauté de l'homme et de la grande Amérique et de ses états. L'ode à la splendeur de sa terre, particulièrement à l'ile de Manhattan et de sa population tourne littéralement à l'obsession. Il ne peut vraiment s'empêcher de revenir sans cesse à la grandeur de la nation américaine et sa brillante démocratie. A pleurnicher sur la mort des pauvres soldats de l'Union et à glorifier la bannière étoilée. Du patriotisme jusqu'à la nausée! Cette naïve croyance en la bonté humaine fait presque vomir. Je n'ai donc pas été sensible à cette pseudo merveille de la littérature, agacé par ce positivisme à outrance bercé par l'amour de l'impérialisme.
Bien qu'il revendique une certaine égalité entre chaque peuple et, je tiens à le souligner entre homme et femme, il admire le progrès dans cet eldorado qu'est le Nouveau Monde qui va servir d'exemple glorieux au monde entier dans les années 1850-1860... Mais oui peuplons cette terre nouvelle, exploitons les sols et sous sols, conquérons les océans, construisons de belles villes, le reste du monde doit prendre exemple!