Un blog parmi d'autres qui parle de livres. Car des livres j'en avale quand même pas mal. J'essaie de varier les plaisirs en alternant essais, romans, poésie, récits de voyage, philosophie, ethnologie... Ça ricoche, ça rebondit, ça bifurque, ça ouvre la voie de nouvelles perspectives, une lecture en amenant une autre et ainsi de suite, la liste s'agrandit de jour en jour. Plus j'en apprends, plus j'ai l'impression que l'étendue de mon inculture s'élargit.
Fischer / Sonnet / Damaskis - Le champ des possibles
Fischer /
Sonnet / Damaskis - Le champ des possibles
Charlotte Bourlard - L'apparence du vivant
Pas facile de faire une critique d'un roman de quelqu'un qu'on connaît, mais je
vais essayer, surtout que je l'ai lu il y'a quelques mois...
Cette jeune auteure liégeoise a défrayé la chronique avec son premier roman
fraichement sorti en janvier 2022 aux éditions Inculte. L'apparence du vivant
nous plonge dans l'esprit pervers d'une jeune fille qui se rapproche d'un
couple de croque mort à la retraite au départ pour en faire des photos. Elle va
carrément prendre ses quartiers dans cet ancien funérarium et découvrir le
monde fascinant de la taxidermie. L'intrigue se déroule à Liège et ses coins
les plus glauques avec de véritables promenades teintées de tourisme noir.
Phrases tranchantes dans une univers macabre, le style puise son inspiration
dans l'argot et un certain langage familier avec de longues descriptions de
chirurgie post mortem. Les pages nous filent entre les doigts et sentent
presque le formol et la charogne.
Adeptes de la petite maison dans la prairie, passez votre chemin ! Pour les
autres ne tardez pas à vous le procurer la rupture de stock n'est pas loin.
John Muir - Quinze Cents Kilomètres à pied à travers l'Amérique profonde
John Muir - Quinze Cents Kilomètres à pied à travers
l'Amérique profonde
Naturaliste
infatigable du XIXeme siècle, John Muir c'est un peu le père de l'écologie
moderne. Je ne peux pas encore vraiment m'étendre sur le personnage puisque
c'est le premier récit de ce botaniste hors pair d'origine écossaise qui a
émigré aux Etats-Unis, que je lis.Malgré sont titre, ce récit de voyage est assez court. Il est même inachevé et
publié de manière posthume en 1916. Il est agrémenté de descriptions de faune
et de flore qui émerveille l'auteur quand il découvre ces espèces nouvelles à
travers un périple qu'il a parcouru de l'Indiana jusqu'en Floride, puis Cuba,
New York et enfin la Californie.Sur fond de la fin de la Guerre de Sécession il s'interroge sur la place de "Monseigneur
l'Homme" parmi les espèces vivantes sur Terre.Teinté de créationnisme (mais remettons les choses dans leur époque), il décrit
les beautés de la nature et se distingue des chrétiens de son temps en ne
plaçant pas l'Homme au centre de l'univers.Comme il s'agit d'un journal, le style n'est pas vraiment très travaillé et
peut être un peu lassant mais il est un bon exemple de "Nature
Writing".
J.D Salinger - L'attrape-cœur
J.D Salinger -
L'attrape-cœur
Je m'étais toujours interrogé sur la signification de la
chanson d'Indochine " Des fleurs pour Salinger". J'ai désormais
compris où ils voulaient en venir avec cet hommage à l' écrivain et à son
isolement. Les allusions à cet auteur pourtant peu prolifique sont nombreuses
dans le monde de la musique, du cinéma, des séries, de la télévision...
L'attrape-cœur c'est sont œuvre majeure et un classique de la littérature
américaine du XXeme siècle. J'ai dévoré ce roman quasi d'une traite ! On est
plongé dans la tête d'un garçon qui est à la charnière du monde adulte et est
déjà désabusé par ce qui l'entoure. Il n'arrête pas de se perdre dans ses
envies et ses aspirations. En décrochage
scolaire, il n'arrive pas à se comprendre ni à entrevoir un quelconque avenir.
Dans un style bourré d'humour, à la limite du langage parlé je l'ai trouvé
incroyablement "moderne" pour son âge (paru en 1951). La seule chose
que je me demande c'est comment je m'y suis pas intéressé plus tôt.
David Le Breton - Disparaître de soi: Une tentation contemporaine
David Le Breton -
Disparaître de soi: Une tentation contemporaine
Une fois encore j'ai découvert David Le Breton au hasard de mes déambulations
dans le coin "rando" à la bibliothèque. Ce professeur d'université
mais aussi sociologue et anthropologue français est l'auteur de nombreux essais
sur les représentations et les mises en jeux du corps humain.
Parmi sa trilogie d'essais sur le thème
de la marche, j'ai tout d'abord lu son premier "Eloge de la marche"
de 2000 puis le dernier en date "Marcher
la vie. Un art tranquille du bonheur" de 2020.
Au delà d'une profonde réflexion sur le concept même de se déplacer lentement à
pieds et de pouvoir percevoir le monde à un rythme humain, il y'a matière à
penser sur notre propre exploration de l'environnement. La rando courte ou au
long cours est une manière de fuir le quotidien pour quelques heures ou jours.
Ces ouvrages sont truffés de références avec une bibliographie d'auteurs qui
permettent d'aller plus loin dans l'approfondissement de ces thèmes. Ils ont
été de véritables tremplins pour découvrir un série d'écrivains qui ont
développés les thèmes de récits de voyages dans l'approche philosophique,
naturaliste voire du concept même du tourisme. H.D Thoreau, Edward Abbey,
Stevenson, Patrick Leigh Fermor, Laurie Lee, Jacques Lacarièrre.... la liste
est longue et ouvre de nouveaux horizons.
Mais revenons à " Disparaître de soi" qui aborde entre autres
la marche dans sa façon qu'elle a de nous permettre de sortir de nos zones de
confort, de notre train train. Le monde va de plus en plus vite et l'on peut
éprouver, pour une infinité de raisons, le besoin de s'évaporer, de fuir. Chaque
être n'est pas une personnalité fixe et définie, mais ne cesse de se renouveler
via parfois la régression, l'effacement...
De l'adolescence, qui est une période de construction du Moi dans une société
de plus en plus virtuelle et déshumanisée jusqu'à la vieillesse, qui nous fait
peu à peu quitter ce que nous avons pu être.
"Etre vieux c'est l'âge où il tout à regretter, rien à
espérer" dit Victor Jankelevitch.
"Mais même au point de vue des plus insignifiantes choses de la vie écrit
Proust, nous ne sommes pas un tout matériellement constitué, identique pour
tout le monde et dont chacun n'a qu'à aller prendre connaissance comme un
cahier des charges ou d'un testament ; notre personnalité sociale est une
création de la pensée des autres. "
Dominic Cooper - Le cœur de l'hiver
Dominic Cooper - Le
cœur de l'hiver
Conseillé par l'ami Lolo et sa page Deslivresrances, ce roman s'est ajouté à ma
liste juste avant mon départ pour la bibliothèque et je n'ai pas été déçu. Dès
la première page, le décors froid, minéral et marin des Highlands est planté.
La vie rude et simple de ce pêcheur qui vit de rien sur une île est décrite
avec une précision poétique. On a
l'impression de respirer l'air du large et de tanguer sur les vagues déchainées
dans une barque de fortune, d'entendre les lingots de tourbe crépiter dans
l'âtre d'un maison séculaire qui se
drape de plus en plus de son manteau d'hiver.
Les pages filent entre des doigts comme des petits pois qu'on écosse
tandis que le quotidien de cet homme primesautier est bouleversé par l'envie
,la jalousie et la haine.
Olivier Bleys - Concerto pour la main morte
Olivier Bleys - Concerto pour la main morte
Il y'a plusieurs mois, alors que j'avais délaissé la lecture depuis plusieurs années, faisant exception à San Antonio, je me suis remotivé à renouveler mon inscription à la bibliothèque. Armé de quelques références j'ai flâné dans les rayonnages à perte de vue m'arrêtant au hasard de la section "Marche et randonnée". J'ai été attiré par le petit ouvrage Manifeste de la marche de Olivier Bleys. L'auteur y raconte son tour à pieds de la limite administrative de sa ville à l'instar du tour du Mont Blanc.
Séduit par son style je me suis mis en recherche d'autres ouvrages de sa plume . Pas né de la dernière pluie, il a sorti une trentaine de romans, essais, récits de voyages, BDs...
C'est ainsi que j'ai lu les romans L'île, Pastel et maintenant Concerto pour la main morte. Le récit tient un peu du conte et nous emmène ici au fin fond de la Sibérie et de son ambiance noyée dans la vodka au milieu de la nature glacée. Teinté de symbolisme, d'une morale et avec comme thème principal le concerto n°2 en do mineur de Rachmaninov, on entre vite dans les mœurs de cette société rurale repliée sur elle même. Celle ci voit son quotidien bouleversé par l'arrivée d'un drôle de pianiste.
Walt Whitman - Feuilles d'herbe
Walt Whitman - Feuilles d'herbe
Cette première approche de la poésie ne
risque pas de m'encourager à poursuivre son exploration. En effet peut être je
garde un souvenir douloureux de ma scolarité qui tenta de me donner le gout des
poètes. Annoncé comme le chef d'œuvre de ce pilier de la poésie américaine qui
met en exergue la sensualité et les émotions vives, mon erreur est d'avoir sans
doute lu ce recueil en français et non pas en anglais d'origine?
Je ne sais même plus pourquoi j'avais noté le nom de Walt Whitman dans les
choses à lire. Toujours est-il que je ne sais par quelle motivation masochiste je me suis farci jusqu'au bout ces presque 600
pages (en tous cas dans l'édition des Carnets Rouges) d'astiquage sur la beauté
de l'homme et de la grande Amérique et de ses états. L'ode à la splendeur de sa
terre, particulièrement à l'ile de Manhattan et de sa population tourne
littéralement à l'obsession. Il ne peut vraiment s'empêcher de revenir sans
cesse à la grandeur de la nation américaine et sa brillante démocratie. A
pleurnicher sur la mort des pauvres soldats de l'Union et à glorifier la
bannière étoilée. Du patriotisme jusqu'à la nausée! Cette naïve croyance en la
bonté humaine fait presque vomir. Je n'ai donc pas été sensible à cette pseudo
merveille de la littérature, agacé par ce positivisme à outrance bercé par
l'amour de l'impérialisme.
Bien qu'il revendique une certaine égalité entre chaque peuple et, je tiens à
le souligner entre homme et femme, il admire le progrès dans cet eldorado
qu'est le Nouveau Monde qui va servir d'exemple glorieux au monde entier dans
les années 1850-1860... Mais oui peuplons cette terre nouvelle, exploitons les
sols et sous sols, conquérons les océans, construisons de belles villes, le
reste du monde doit prendre exemple!







