Horace - Satires




Horace - Satires

Poète latin 65 av. J.-C. - 8 av. J.-C., Horace faisait partie des élus de Mécène qui lui consacra une partie de sa fortune pour le développement de son art. Il est l'auteur de citations classiques comme le fameux "Carpe diem", "Nunc es bibendum"  ou encore "Bis repetita placent !"
Il emboite le pas à Lucilius qui a inventé ce style dit satirique romain et qui a pour vocation de se moquer de choses ou de personnes. Petite révolution dans l'histoire de la poésie aux environs du IIème siècle av. J-C.


Le premier livre est paru en 35 av. J-C, est composé de dix poèmes en hexamètres dactyliques qui se lisaient à voix hautes, souvent avec un masque histoire d'incarner au mieux le personnage ainsi raillé. J'avoue que malgré des explications ne pas bien saisir la logique du rythme du fameux hexamètre dactylique...  Bien sur il perd de son sens traduit en français. Cette poésie s'apparente parfois au style de la conversation. De nature modeste et timide, Horace destine plutôt ses Satires à ses amis proches plutôt que de grandes déclamations.
On est tour a tour entrainé dans des monologues sur l'avarice et des hommes jamais contents de leur sort, l'adultère, une ode/critique de son mentor Lucilius et son éducation, un récit de voyage, les affres de l'ambition, de sorcellerie...
Quelques thèmes semblent universels, mais il y'a beaucoup trop de références à des personnages d'époque de son entourage totalement vide de sens pour le lecteur d'aujourd'hui. Ces chroniques étaient bien actuelles il y'a plus de 2000 ans. Il cite quand même d'autres illustres auteurs qui sont parvenus jusqu'à nous.
L'édition Classiques en poche des Belles lettres, propose la version latine en vis à vis de la traduction française et heureusement il y a de nombreuses notes de références pour saisir un peu l'ambiance de ces temps anciens . Ces dernières cassent pas mal le rythme déjà pas facile à suivre, aussi j'ai finis par ne plus les lire.


Le deuxième livre date de 29 av. J-C et se présente dans la plupart des huit Satires qui le compose de dialogues et de mimes. Bercé par la mythologie gréco-romaine, on est témoin dans un ton de cynisme parodique de différentes critiques de courants philosophiques. Mais aussi on y croise des idées de fables d'Esope (largement pompées (haha jeu de mot!) par La Fontaine d'ailleurs).
Le thème de la modération dans l'utilisation des richesses revient souvent. Inconstance, avidité, liberté, gourmandise et même description gastronomique, vices et vertu sont aussi abordés.
Bien qu'il soit parfois difficile de suivre et de se concentrer, il est intéressant de se plonger le temps d'une centaine de pages dans la vie de nos ancêtres lointains.

 

William Hazlitt - La solitude est sainte




William Hazlitt - La solitude est sainte

Cet écrivain irlando-britannique me semble bien méconnu des temps actuels. Sans doute est-il tombé dans l'oubli des francophones alors qu'il s'est illustré comme critique littéraire important et auteur de plusieurs essais au tout début du XIXème siècle. Je me demande encore comment je suis tombé dessus, mais je me rappelle juste avoir été fortement attiré par le titre de cette publication.
J'avais il y a quelques années loué le très court "Du plaisir de haïr suivi de Sur le sentiment d'immortalité dans la jeunesse" dont le titre m'avait séduit.
Son style est direct, précis sans fioriture ni longueur inutile. Surement cela lui vient-il de son autre activité de peintre.
On a l'impression de lire dans un langage plus franc et résumé  de prédécesseurs William Wordsworth, Shakespeare ou encore Jean-Jacques Rousseau, plus particulièrement "Les Rêveries du promeneur solitaire" paru en 1782. D'ailleurs William Hazlitt est né en 1788 année de décès de Jean-Jacques...
Après une petite préface biographique signée Lucien d'Azay, on déguste trois texte concis.

"Partir en voyage" est une réflexion sur la promenade et l'émerveillement qu'on peut ressentir à arpenter les paysages. Cette dissertation s'accompagne de nombreuses références poétiques et d'autres auteurs.
Pour pouvoir saisir pleinement l'essence de la nature qui nous entoure et se livrer à diverses divagations personnelles, il est nécessaire d'apprécier la pleine solitude.
 l ne fuit pas totalement la compagnie, mais préfère celle fortuite d'une rencontre ou encore la société de compagnons de table lors d'une nuitée dans une auberge. Il nuance son propos quand il s'agit de visiter un musée, une ville, des ruines ou encore un pays étranger. A ce moment là le compagnonnage est recommandé pour pouvoir débattre de ses observations.

" Je peux apprécier la compagnie dans une pièce; mais dehors, celle de la nature me suffit. Je ne suis jamais moins seul que quand je suis seul".

"Vivre à part soi" est le deuxième petit essai, qui tente de nous montrer la voie de la quiétude de l'esprit." Vivre dans le monde sans dépendre du monde", dans une sorte de béatitude contemplative libérée de toute dépendance à quiconque. Fuir cette attente parfois vaine de reconnaissance d'autrui, préférer l'indifférence.
Ensuite il digresse assez bien sur le thème du public dont est tributaire la réputation de différents artistes. Le public n'a pas vraiment de goût propre, il ne fait qu'osciller au gré des modes parfois contradictoires et se laisse porter par vagues lunatiques.  Ces pensées sont tout à fait encore d'actualité 200 ans plus tard. Bref, ne comptons sur personne pour nous apporter le bonheur.

On termine par "Du passé et de l'avenir" qui nous pousse dans un raisonnement métaphysique sur les concepts du temps. Alors que certains ne jurent que par l'ambition du futur, il est bon de faire acte du passé qui est finalement tout ce que nous sommes. L'avenir quant à lui n'a encore aucune substance réelle.. Cela se termine par une petite remontrance contre ceux qui affirment que la vie n'est rien sous prétexte qu'on est mortel. De quoi bien se triturer l'esprit, mais ça reste court et très accessible.


 

Hermann Hesse - Le loup des steppes




Hermann Hesse - Le loup des steppes

On peut appeler ça un coup de cœur car ça n'arrive pas si souvent qu'on soit ébranlé positivement par un roman. Il m'arrive d'être passionné par des essais, des traités qui mènent à une ébullition mentale. Mais ce roman initiatique coche vraiment toutes les cases de ce qu'il fallait pour faire vibrer diverses cordes de la harpe de ma vision du monde. Pour chicaner, je dirais que c'est un poil trop optimiste et finalement trop moraliste...
Je remercie chaleureusement Des Livres Rances qui m'a donné envie de m'y attaquer.

C'est une sorte d'histoire schizophrénique et quelque peu autobiographique entre un "loup des steppes" vieux, cruel, fort, désabusé, sauvage, solitaire et un homme qui fut dans sa jeunesse sensible, sociable, amoureux et désespérément humain. Ces deux personnalités ne cessent de se chamailler, mais une lente prise de conscience va lui faire réaliser que cette vision manichéenne de l'individu est biaisée. Il existe une infinité de moi qui ne cesse de changer de jour en jour.
L'existence est en fait une sorte de petit théâtre où l'on peut à sa guise fureter entre les rôles équivoques et briser cette vision dualiste, une grande partie d'échecs à géométrie variable qui ouvre toutes les perspectives. Ses souffrances multiples le faisaient glisser d'après lui inéluctablement vers l'acte suicidaire, mais peut être ne faut-il pas simplement occire le malfaisant loup des steppes et vivre?

Sa rencontre avec la dénommée Hermine n'est-ce pas finalement ce combat entre son loup des steppes et lui même ? Un dialogue avec un miroir, une tentative de démolition de ses démons de la contradiction?

Le bourgeoisisme est la personnification de cette tempérance entre la vie de saint et la vie d'un débauché, un "couci-couça" méprisable. Il est préférable de s'abandonner aux grandes jouissances ou alors aux souffrances mais ces journées ponctuées d'aucun haut ni d'aucun bas sont tout simplement horriblement banales et fades. Il se rend compte qu'il est finalement devenu ce qu'il déteste le plus dans cette sorte de confort du prévisible. Partagé entre sa haine de lui même et de ces autres qui continuent leur vie insouciante, il se fatigue dans son dédain.

Hermine lui apprend à apprécier le moment présent ce qui semble inimaginable pour le "sage" qu'il est. Il y a comme une dissonance cognitive entre cette soif de grandeur d'âme et ce mépris de la société du spectacle et puis les plaisirs simples et naïfs de la plupart de ses contemporains.
Quand il commence à toucher une sorte de félicité pusillanime, il se rend compte qu'il n'est pas heureux, il y a comme un manque de souffrance. Ce monde n'est pas à sa hauteur, il sera éternellement apatride. La société n'a que faire de torturés de l'esprit. Ceux là qui se tourmentent pour ne côtoyer que les hautes sphères de l'art qui atteignent la grande béatitude et regardent de haut le petit peuple qui s'abîme dans les bas fonds de la musique populaire, qui ne fait que danser et sourire. Accablé de la tournure du monde, il n y a qu'à tournoyer dans un fox trot pour ne pas voir la vérité en face. Le seul guide est la nostalgie et le seul salut l'éternité, l'universalité, l'immortalité de ses idoles.
Il faut d'abord apprendre à rire de soi même, arrêter de se prendre au sérieux, et là peut-être il pourra enfin croquer la vie.

On pourra aussi apprécier de son vieux moi un fond anti militariste d'entre deux guerres, il s'oppose fermement aux idéaux nationalistes. Il se dit sans patrie et humaniste, ce qui contredit un peu cette espèce de haine contre l'humanité. Il perd un peu l'espoir d'un changement de mentalité de la masse, sorte de donquichottisme sans issue. Il y a aussi un rejet du monde moderne, de la machine, de la surpopulation...
Une œuvre parue en 1927 qui tente de briser nos turpitudes et essaie de nous glisser en main le trousseau des clés du ravissement.


 

Germaine Tillion - Le harem et les cousins




Germaine Tillion - Le harem et les cousins

Attiré par ce livre cité par David Le Breton dans son "Anthropologie des visages", surtout pour avoir quelques éclaircissements encore sur l'origine du voile musulman, me voici embarqué dans une étude ethnographique (résumée) des mœurs en matière de reproduction au fil de l'histoire humaine. 

Germaine Tillion ethnologue et résistante française (1907-2008) qui a étudié au grés de ses travaux différentes facettes des comportements humains, a publié plusieurs ouvrages dont celui ci en 1966.
Ce n'est pas peu dire que le monde a évolué depuis près de soixante ans, mais l'histoire recèle parfois des surprises et j'ai voulu connaître un peu de la pensée d'une femme qui a vécu dans la première moitié du XXème siècle.

En fait le vrai propos de cet essai est de montrer que ce n'est pas tant la religion qui a forgé les pratiques d'avilissement de la femme, mais les mœurs de cette époque ancrées depuis plusieurs millénaires dans la région qui a vu naître la révolution néolithique.
Il n'est pas toujours facile de déceler la vérité historique, preuves archéologiques à l'appui et déduction qu'on peut avoir à la suite d'observation de terrain. C'est pourquoi elle tente d'apporter un regard à la fois ethnographique, ethnologique, anthropologique et sociologique.

On débute avec un parcours de la Préhistoire et ses millions d'années d'une durée qui semble infinie et peu sujette aux spectaculaires avancées, mais qui s'avère avoir été une époque d'égalités des sexes. Le nomadisme de rigueur va doucement glisser vers le sédentarisme avec la "ville", l'agriculture, l'élevage puis le début des grandes conquêtes. Cela se fait dans la région du croissant fertile, grosso modo le pourtour méditerranéen. C'est ce qu'on l'on nomme communément le début Civilisation par opposition aux peuples dits "sauvages" du reste du monde.
Et bien figurez vous que les mœurs de ces peuples qui ont inventé les trois grandes religions monothéistes (judaïsme, christianisme et islam) étaient basées sur l'endogamie. Ce changement étrange, contraire aux pratiques exogames passées de quasi tout le reste de l'humanité "barbare", va même jusqu'à franchement se confondre avec l'inceste.
Ces grands désirs expansionnistes, n'étaient pas en usage aux temps préhistoriques où l'on avait la sagesse de ne pas trop faire d'enfants car la chasse et la cueillette ne devaient pas souffrir d'excès au risque de conduire à la disparition totale des ressources. Il faut aussi admettre la forte mortalité qui devait être habituelle.
Cela n'a pas empêché l'éradication de la plupart des grands mammifères mais c'est un autre sujet. La promiscuité des cités a aussi provoqué une augmentation de la mortalité infantile et le développement de maladies.
Il semble que l'échange de progénitures entres "tribus" ait permis un brassage génétique et des interactions  propices à une évolution lente. La proximité des habitants d'une ville ont apporté une meilleure communication mais aussi le début des problèmes. Les sédentaires sont devenus de plus en plus nombreux et les sociétés tribales de plus en plus disloquées. Pour sauver la pureté de son sang, il est plus commode de s'accoupler en famille...

C'est écrit dans la Genèse 20-12 "De plus, c’est vrai qu’elle est ma sœur, la fille de mon père mais non celle de ma mère. Et elle est devenue ma femme."


L'histoire des rois d'Egypte, surtout la dynastie lagide, est une véritable saga de tribulations incestueuses avec de multiples unions entre frères et sœurs, grand père et petite fille etc etc.
C'est donc tout naturellement que ce genre de mœurs soient considérées comme logiques pour les régions du pourtour méditerranéen.
C'est même un moyen de renforcer les liens familiaux, d'asseoir son influence et agrandir son cheptel mais aussi conserver l'héritage familial.
" Les gens aiment épouser la fille de leur oncle paternel, comme ils aiment manger la viande de leur élevage".

Le mariage avec sa cousine ou son cousin semble même toujours faire partie d'un certain idéal de vie. De véritables guerres de clans se sont succédées au fil des siècles quand un prétendant étranger voulait ravir la vierge destinée à un mariage intrafamilial ou qu'un crime venait salir l'honneur et ce sur plusieurs générations.
On en arrive aux préceptes des livres saints comme la bible et le coran qui nous allons le voir sont suivis par ses adeptes "à la carte".
En matière d'héritage, le coran a tenté une approche plus  "féministe" en accordant une demi part d'héritage à la femme et une part à l'homme. On s'efforce d'emberlificoter tout cela pour son propre arrangement. L'islam a conquit aussi bien la dévotion des  Berbères, Touaregs, Kabyles, Maures etc... mais ceux ci ont plus ou moins appliqué les lois coraniques selon leur bon vouloir, s'accusant mutuellement d'être des infidèles.
En pratique la transmission d'un demi héritage à la femme n'a presque jamais été appliquée. Pour éviter les convoitises, il faut enfermer la femelle en vue de mariage arrangé.

Saint Paul dit :Corinthiens 11:34
"-Si donc une femme ne met pas de voile, alors, qu'elle se coupe les cheveux ! Mais si c'est une honte pour une femme d'avoir les cheveux coupés ou tondus, qu'elle mette un voile.
-L'homme, lui, ne doit pas se couvrir la tête, parce qu'il est l'image et la gloire de Dieu ; quant à la femme, elle est la gloire de l'homme.
-Ce n'est pas l'homme en effet qui a été tiré de la femme, mais la femme de l'homme ;et ce n'est pas l'homme, bien sûr, qui a été créé pour la femme, mais la femme pour l'homme.
- Voilà pourquoi la femme doit avoir sur la tête un signe de sujétion, à cause des anges."
De plus Paul ordonne aux esclaves "d'obéir à leur maitre comme au Christ".

 Le coran n'a fait que copier 500 ans plus tard ce genre de recommandations bibliques sauf que lui rejetait plutôt l'esclavage.
Les velléités originelles ont pris diverses tournants selon les régions.
Alors que le pourtour méditerranéen semblait fertile aux idées virilistes, la notion de jalousie et d'honneur, dans le Nord de l'Europe, la femme avait quand même le statut juridique d'une "personne".

Le christianisme a quasi disparu du Moyen Orient pour conquérir toute l'Europe, pourtant si l'on s'en réfère à la bible il faudrait perpétuer l'esclavage et le voile chez les femmes. Or l'esclavage a disparut depuis le XIème siècle dans la chrétienté et le port du voile n'a pas été appliqué que jusqu'au siècle dernier dans le Sud de l'Europe. Ce n'est pas pour ça que la condition de la femme est/était fort enviable, entendons nous bien! Mais les mœurs plus progressistes nordiques ont sans doute calmé la radicalité chrétienne.
Dans le monde musulman au début du XXème siècle, alors que dans les villes mélangées le port du voile avait tendance à se clairsemer, on assiste a un regain de claustration dans les communautés rurales. Certaines tendances politiques ont tenté de freiner ce signe ostentatoire d'inégalité.
L'essai s'arrête en 1966 donc, mais c'était sans compter sur le retour en arrière obscurantiste dont ces six dernières décennies ont été les victimes dans certains pays notamment avec l'insinuation des idées des Frères Musulmans.
Voilà donc des informations qui nous montrent que le voile ne provient pas juste de l'islam. 


 

Jean-Claude Pirotte - Gens sérieux s'abstenir




Jean-Claude Pirotte - Gens sérieux s'abstenir

Deuxième livre de ce poète belge que je découvre. Celui ci est sorti en 2014 et commence par un long poème en vers libre et un peu décousu appelé " Verba volant". On a parfois le sentiment  qu'il a calé dans son dictionnaire de rime mais ça se lit vite et on est emmené dans une sorte de ricochet de pensées et d'étapes de la vie, de réflexions et d'impressions. Quelques petites critiques de notre société sont distillées dans ce soliloque.

"Sonnets vagues" suit et enchaine d'une traite un genre de rumination beaucoup plus sombre et désabusée. Dommage qu'il admire ce félon animal qu'est le chat mais cela termine par un rat.
Le thème inéluctable de la vieillesse est traité avec brio. 


 

Sénèque - L'art d'apaiser la colère






Sénèque - L'art d'apaiser la colère

Ce court essai philosophique qui daterait d'environ 50 après JC est une première approche pour moi de cet illustre personnage. En fait il s'agit du Livre III de "La colère".
Rédigé comme une lettre à son frère ainé, il tente de traiter ce vice qui atteint toute les couches de la société et qui a de graves conséquences. A-t-on vu des foules déchainées par autre passion? Il s'oppose à Aristote qui voyait en la colère des vertus parfois utiles.
Vu comme une véritable maladie de l'esprit, il décortique les méfaits qu'elle engendre. Par le menu il cite une série de cruautés commises par tel ou tel notables de Perse, Grèce ou autre contrée barbare. Il décrit plusieurs scènes de tortures perpétrées sous l'emprise de la colère. Peut-être s'agit-il là plus de cruauté que de colère?
L'analyse de Cyril Morana en fin d'ouvrage pointe le paradoxe  occasionnel des propos de Sénèque, à le lire on aurait parfois l'impression qu'il est "en colère contre la colère". Le contexte dans lequel il a rédigé cet essai était celui de l'exil en Corse commandé par l'empereur Claude qui a succédé au cruel Caligula. Ces derniers ont fortement nourri le ressentiment de l'auteur.
Il finit par quelques conseils pour attaquer la colère dès sa source une fois celle ci passée car il est préférable d'aiguiser les lames de contre attaque en période de sérénité. Notamment il conseille un examen quotidien de sa conscience, "Telle est ma règle: chaque jour je me cite à mon tribunal".

" La colère cessera, ou du moins se modérera, si elle sait que tous les jours elle doit paraître devant son juge".


 Il est inutile de gaspiller sa vie tellement courte en ressentiment, tellement éphémère au regard du Temps puisque de tout de façon tout s'annulera au moment de la mort. Une être réputé calme pourrait passer pour un mollasson, mais on saura apprécier en bon stoïcien à sa juste valeur quelqu'un qui sait justement maitriser ses passions.



 

Jim Thompson - Un chouette petit lot




Jim Thompson - Un chouette petit lot

Deuxième expérience pour moi de ce maître du roman noir américain suite au fameux "1275 âmes / Pottsville, 1280 habitants". Cette fois j'ai pioché au hasard dans la marchandise disponible en rayon à la bibliothèque.
Ce roman publié en 1954 avec sa couverture et son début laissait entrevoir un histoire d'amour voire érotique. Que nenni ! On est lancé dans une histoire plus complexe qu'elle n'en a l'air, avec presque une œuvre psychanalytique. Dusty, un gaillard un peu paumé qui aspirait à des études de médecine se retrouve contraint de bosser comme groom dans un hôtel. Une nuit, une ravissante femme se pointe à l'improviste pour réserver une chambre. C'est le début d'une histoire pleine de rebondissements, de fausses pistes avec une intrigue qui mêle banditisme, amour incestueux, mensonges et désillusions. Rien n'est pourtant clair dans l'esprit de Dusty qui semble être le sujet de persécutions diverses et va se laisser tenter par un hold-up facile. Mais comme toute histoire de bandit, la gâteau est plus apetissant en entier qu'en quartier...



 

Marcel Leroy - Lettres de la Semois




Marcel Leroy - Lettres de la Semois

Me souvenant d'une précédente lecture "Les chatons gelés", j'ai voulu poursuivre la découverte de cet auteur ardennais un peu tombé dans l'oubli.
Ayant exercé plusieurs métiers usants dont celui d'ardoisier, à la veille de la deuxième guerre mondiale, il trouve un boulot de chroniqueur dans la gazette locale "L'Avenir du Luxembourg" où il publie ses "Billets de la Semois". Sa passion de l'écriture ne le quittera qu'à sa mort en 1973.

Cette édition de 1999 regroupe d'abord "Les galets de ma rivière" de 1971 qui est un recueil de ses meilleures chroniques. On est emmené dans des anecdotes, des rencontres, des humeurs qui ont animé sa vie. La poésie est présente et dit un peu ce que le monde de l'Ardenne recèle. La vie rude des paysans et petites gens, les kermesses, les saisons, les curés, les villages, Godefroy de Bouillon, les touristes et le monde moderne qui s'insinue peu à peu après guerre au fin fond des campagnes. Une ode à la nature sauvage parfois défigurée par les monocultures de sapins, mais aussi à la chasse, la pêche et aux bigoteries qui rythmaient la vie de ses habitants.
L'on peut être quelque peu dérangé par certains élans chauvinistes ou par ces trop nombreuses allusions au Bon Dieu. Mais n'est-ce pas un témoignage honnête d'un temps révolu où les esprits n'avaient pas toujours accès à l'émancipation intellectuelle?

Ensuite la série "Bonsoir mon village" regroupe 18 chroniques radiophoniques d'époque parues en format papier en 1965. A chacune il rend hommage un hivernal à une ville ou village en particulier: Bouillon, Bertrix, Herbeumont et d'autres de la province luxembourgeoise. On y trouve légendes, démographie, histoire et puis quelques allusions au poète Paul Verlaine qui a vécu un temps dans ces hameaux et dont le père est né à Bertrix.
Enfin on termine par un long poème appelé sobrement "Poème à la Semois" paru en 1971 qui résume un peu tout le livre.
Voilà qui clos un chapitre de littérature du terroir ardennais tourné vers le passé et une certaine nostalgie d'un temps supposément heureux. 


 

Xavier Mathias - Semis & plantations




Xavier Mathias - Semis & plantations


J'ai découvert Xavier Mathias en fouillant des videos sur youtube et j'ai compris qu'il publiait à ses heures pas mal de livres sur le jardinage biologique.
Au rayon potager, c'est un chouette petit livre sorti en 2011 aux éditions Rustica qui va droit au but.
Sans blablas inutiles, on parle rapidement de la conservation des semences, des conditions de levée de dormance, un peu de matériel (le plus souvent de récup ou peu cher).
Ensuite voici les différentes techniques de semis direct (à la volée, en ligne en poquet...)
Puis le vif du sujet pour le semis dans des supports (terrine, godet, plaques alvéolées, mottes..)
Ce qui est très intéressant c'est qu'à chaque fois le mode d'emploi est bien structuré et on se rend compte des gestes à effectuer qui au fil du temps peuvent devenir automatiques. Il y a pour toutes les options, une liste de matériel et des avantages et inconvénients de chacune.
On arrive au repiquage et ses trucs et astuces pour un bon résultat et enfin les abris (serre, tunnels, voiles de forçage).
On termine sur les semis spontanés de certaines plantes "généreuses" et un bon tableau qui répertorie pas mal d'espèces de légumes et plantes avec les températures et temps de germination, et les meilleurs contenants ou type de semis recommandés pour chaque.